Analyse. Les chefs des trois principaux partis à Québec jouent leur va-tout. C'est donc dire qu'un seul pourrait survivre aux prochaines élections. La partie débute aujourd'hui, avec la reprise des travaux à l'Assemblée nationale.

Du côté de François Legault, la cause est entendue. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) se bat avec l'énergie du désespoir depuis plusieurs semaines, multipliant les interventions pour attaquer le gouvernement Marois. La campagne publicitaire de son parti, destinée à remettre l'économie au centre du débat, est un nouvel essai pour renverser la tendance.

Mais en dépit de ces efforts, le score de la CAQ reste inexorablement au plus bas dans les sondages. La CAQ a obtenu 27% des suffrages en septembre 2012, mais elle oscille désormais autour de 17%, et ce, depuis plusieurs mois. À moins d'un renversement de tendance, imprévisible actuellement, le parti récolterait le même niveau d'appui que la défunte Action démocratique du Québec en 2008, où seulement sept députés avaient été élus.

Dans la circonscription de L'Assomption, passablement modifiée avec les dernières élections, le chef de la CAQ a récolté 42% des voix, suivi de peu par le Parti québécois (PQ) avec 39%. Cette avance d'un peu plus de 1000 voix sur une candidate méconnue, Lizabel Nitoi, risque de fondre rapidement si les résultats des sondages nationaux se confirment. D'autant plus que l'ex-bloquiste Pierre Paquette a décidé d'y tenter sa chance. Quelques interventions de Jacques Parizeau - L'Assomption est en partie son ancienne circonscription - sont à prévoir. Sans siège à l'Assemblée, avec un caucus décimé, on peut penser que M. Legault annoncerait rapidement qu'il passe la main.

Étonnamment, le chef libéral Philippe Couillard est aussi condamné à l'emporter aux élections s'il veut poursuivre sa carrière politique. Son choix de se présenter dans Roberval, même si des conseillers ont tenté de l'en dissuader, a tout du quitte ou double. Bien sûr, son statut de chef de parti lui procure un avantage indéniable. Mais des organisateurs libéraux relèvent que l'histoire récente de cette circonscription est limpide; pour que Roberval passe au rouge, le Parti libéral doit l'emporter avec une confortable avance au niveau national. Cela avait été le cas en 1989, quand Gaston Blackburn avait gagné dans ce bastion péquiste. Cela s'est reproduit en 2003, quand les libéraux de Jean Charest ont repris le pouvoir. Quand les libéraux ont piqué du nez et sont devenus minoritaires, en 2007, le péquiste Denis Trottier avait repris la circonscription, qu'il a conservée en 2008 avec une avance de près de 2000 voix. Son avance est passée à 6000 voix en 2012.

Le retour de Jean Charest?

Battu dans Roberval, Philippe Couillard aurait du mal à se maintenir en poste si son parti était condamné à l'opposition. Déjà, un chroniqueur de The Gazette évoquait la semaine dernière un retour de Jean Charest! Le Parti libéral n'a pas l'habitude de donner une seconde chance à un chef qui a perdu - les apparatchiks ont éjecté Claude Ryan après sa défaite en 1981 et Daniel Johnson en 1998, quatre ans après sa défaite de 1994. Seule exception, Jean Charest qui, nouveau chef, avait mordu la poussière en 1998 pour se faire élire au scrutin suivant.

Pauline Marois joue également son avenir, tous les péquistes en sont bien conscients. La première ministre ne pourrait, et probablement ne voudrait pas, rester en poste si le PQ ne remportait pas les prochaines élections. Son leadership tient à sa performance aux élections; un faux pas et la phalange des dissidents de 2011 remontera au créneau.