Le président du Conseil de la souveraineté du Québec, Gilbert Paquette, craint que Pauline Marois ne promette un livre blanc sur l'avenir du Québec pour ensuite éviter de parler de l'indépendance durant la campagne électorale.

S'il «accueille favorablement» l'idée d'un livre blanc, l'ancien ministre péquiste s'interroge sur la stratégie de Mme Marois. «Il y a une chose qui nous inquiète. Qu'est-ce qui va se passer en campagne électorale?», a dit M. Paquette en entrevue à La Presse, hier. «On a l'habitude de faire des campagnes au Québec où seuls les adversaires de la souveraineté en parlent - en mal, bien sûr.» Il ne faut pas que ce soit le cas cette fois encore, a-t-il ajouté.

«Même s'il y a cet engagement de livre blanc sur la question nationale qui sera déposé après les élections [si le PQ est réélu], il faut qu'on le justifie pendant les élections, il faut qu'on fasse la pédagogie de la souveraineté.»

Il y a selon lui un risque que le Parti québécois évacue la question de l'indépendance durant la campagne. «Le danger, c'est qu'on se retrouve avec un gouvernement élu peut-être majoritaire, mais qui n'a pas le mandat de vraiment mettre sur les rails une démarche susceptible de mener à un résultat. On veut bien que le livre blanc soit une étape, mais on ne veut pas que ça s'arrête là», a-t-il déclaré.

Les intentions du Parti québécois au sujet de la souveraineté doivent être «claires», «transparentes». Pauline Marois a tout intérêt selon lui à préciser les modalités de la vaste consultation qui suivrait le dépôt du libre blanc. M. Paquette est favorable à un exercice objectif, «équitable pour toutes les options». Fédéralistes et souverainistes doivent prendre part à ce «débat collectif», «il ne faut pas que ce soit des assemblées indépendantistes» et que l'on «présume des conclusions» de la consultation, a-t-il insisté.

La promesse de livre blanc est à ses yeux «tout à fait compatible» avec les constats réalisés depuis 2012 par les états généraux de la souveraineté - une assemblée de consultation a lieu aujourd'hui à Montréal. «Ce que nous disent les militants indépendantistes, c'est qu'il faut entreprendre une démarche qui commence par un débat de toute la population sur notre avenir. Il faut reprendre le débat sur la question nationale», a-t-il plaidé. Il croit que, «forcément», une consultation sur l'avenir de la nation québécoise va «favoriser l'évolution de la population vers la souveraineté».

Dépôt du rapport

Les commissaires des états généraux sur la souveraineté prévoient rendre public leur rapport le 11 avril, potentiellement en pleine campagne électorale. Le PQ travaille à un scénario de scrutin déclenché autour du 12 mars pour un scrutin le 14 avril. «On doit se réunir» pour déterminer si le dépôt du rapport devrait être reporté, a dit M. Paquette. Notons que le vice-président du PQ, l'ex-député bloquiste Paul Crête, et le candidat péquiste Pierre Paquette, lui aussi un ancien élu du Bloc, sont deux des huit commissaires des états généraux.

Le Conseil de la souveraineté réunit des représentants d'organisations souverainistes, de groupes sociaux et de syndicats. Les partis souverainistes (PQ, Bloc, Québec solidaire et Option nationale) y ont un statut d'observateur.