Québec devrait profiter de la hausse imprévue de la péréquation pour rembourser une partie de la taxe santé, propose François Legault. «C'est important que la classe moyenne reçoive un répit pour être capable de relancer la consommation des ménages», dit la Coalition avenir Québec (CAQ).

Peu avant Noël, le fédéral annonçait que Québec recevrait 548 millions de dollars de plus en versement de péréquation (9,28 milliards au lieu de 8,74). Cette somme n'était pas prévue dans la mise à jour économique de Québec déposée en novembre, qui prévoyait un déficit de 1,7 milliard cette année.

La CAQ propose d'utiliser la moitié de cette somme inespérée pour réduire le déficit, et l'autre pour annuler la taxe santé.

Au lieu d'annuler cette taxe comme il le promettait en campagne électorale, le gouvernement péquiste l'a rendue progressive. Les citoyens qui gagnent plus de 18 000 $ doivent la payer. La CAQ voudrait la rembourser l'année prochaine aux citoyens qui gagnent entre 18 000 et 45 000 $. Plus de deux millions de citoyens seront ainsi remboursés. Ils auraient ainsi jusqu'à 400 $ de plus dans leurs poches.

Est-ce assez pour stimuler la faible croissance économique, qui selon les prévisions sera inférieure à 2 % l'année prochaine (moins que dans le reste du pays)? Oui, croit M. Legault. Le déficit s'explique par le manque d'impôt et taxes versés au gouvernement. Et si l'activité économique est faible, c'est notamment parce que les Québécois sont financièrement étranglés, explique-t-il. «Les gens n'ont plus de marge de manoeuvre. Ils n'ont pas d'argent pour épargner ni pour consommer.»

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, qualifie cette analyse de «bâclée». La croissance anémique s'explique selon lui d'abord par la faible inflation. «M. Legault affirme que les familles consomment moins, alors que c'est plutôt la stagnation des prix qui nuit à la croissance des revenus de l'État. La CAQ devrait laisser tomber sa baguette magique et refaire ses devoirs d'économie 101», a-t-il lancé. Quand on tient compte de l'inflation, la consommation est restée au même niveau l'année dernière, rappelle-t-il.

N'empêche que les Québécois ont de moins en moins de marge de manoeuvre, dénonce la CAQ. Son chef rappelle la hausse à venir de 5,8 % des tarifs d'électricité (la CAQ propose désormais de limiter cette hausse à 2,2 %). M. Legault rappelle aussi que Québec a songé à faire payer les malades pour leur chambre dans les nouveaux hôpitaux de Montréal.

Et le marché de l'emploi n'aidera en rien. L'année dernière, le Québec a perdu 43 800 emplois à temps plein, et en a créé 45 800  à temps partiel. L'agence de notation Fitch a aussi placé la cote de crédit du Québec sous surveillance.

Plan Dubé

La CAQ a déjà posé trois conditions pour appuyer le prochain budget péquiste : équilibrer le budget l'année prochaine, éliminer d'ici cinq ans la taxe santé et proposer un plan de relance économique.

Elle aimerait aussi abolir la taxe scolaire. En contrepartie, elle réduirait de façon importante les dépenses de l'État. Comment? La réponse doit venir cet hiver avec le dévoilement du rapport piloté par le caquiste Christian Dubé.

Même s'il ne connaît pas encore la nature des réductions de dépenses, le ministre Marceau en chiffre les conséquences. Cela «ferait passer la croissance du PIB de 1,8 % à 1,45 % en 2014», a-t-il affirmé.

Marois doit dire «Wo!» à la FTQ

Selon la CAQ, le gouvernement Marois doit aussi changer «de façon urgente» la composition du conseil d'administration du Fonds de solidarité de la FTQ. Le président et la majorité des membres ne doivent pas provenir du syndicat.

Les dernières révélations à la commission Charbonneau l'inquiètent. «Il y a eu des ententes dans l'immobilier où la partie pas risquée a été donnée en partie à la FIPOE (syndicat affilié à la FTQ), et où la partie risquée a été totalement assumée par les 600 000 actionnaires du Fonds de solidarité. Ça va prendre quoi à Mme Marois, là, pour se réveiller puis dire : Wo!»

Même s'il défend l'importance du Fonds, dont il a lui-même déjà profité comme entrepreneur, il affirme qu'il serait «prudent» avant d'y investir, tant qu'on n'aura pas changé son conseil d'administration.