Pauline Marois persiste et signe: son gouvernement a livré une belle performance au cours de la session parlementaire qui a pris fin vendredi dernier.

En entrevue à l'émission 24/60 sur les ondes de RDI, mardi soir, la première ministre a réitéré sa satisfaction quant au bilan de son gouvernement. Elle s'est notamment félicitée d'avoir pu donner suite à certains projets, dont l'électrification des transports, la politique sur l'emploi et l'adoption d'un nouveau régime minier, entre autres.

Et s'il a parfois fallu des compromis pour y parvenir - qui sont le lot des gouvernements minoritaires, a souligné Mme Marois -, il y a des principes sur lesquels le gouvernement n'est pas près de reculer, dont le projet de loi sur la Charte de la langue française, mort au feuilleton, et celui sur la Charte des valeurs.

Elle a ainsi rejeté la recommandation formulée à l'époque par la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables voulant qu'une neutralité religieuse puisse être exigée des policiers et des juges mais pas des enseignants et enseignantes. Selon la première ministre, il s'agit là d'un «principe à géométrie variable» et le projet de loi sur la charte ne pourra pas être «à moitié ceci ou à moitié cela». Quant à d'éventuels aménagements apportés à ce dossier sensible, Mme Marois a rappelé que la commission parlementaire, qui terminera ses audiences en mars, permettra au gouvernement de prendre note d'éventuelles récriminations, ajoutant qu'il importait d'établir «des règles claires sur le bien-vivre ensemble» au Québec.

Philippe Couillard se défend d'être une girouette

Mais rien n'est moins sûr, selon le chef de l'opposition et député d'Outremont, Philippe Couillard, qui a de son côté déclaré qu'aucune étude n'avait démontré l'existence d'un réel problème à ce chapitre dans la province. Il a également nié que le projet de loi s'attaque, même en partie, à l'intégrisme religieux, soutenant qu'au contraire, cela ne ferait qu'aggraver la situation.

Lui aussi interviewé sur les ondes de RDI, le chef libéral a répété que tout projet de loi devrait se faire en concordance avec les chartes des droits et libertés et qu'il ne négocierait «pas, (lui), les libertés des Québécois contre des votes».

Il s'est aussi défendu contre son étiquette de girouette - le chef libéral a été affublé par les médias et ses adversaires du surnom de «Philippe-Flop» -, soutenant que dans le dossier de l'équilibre budgétaire, il n'avait fait que confirmer ce que le ministre des Finances, Nicolas Marceau, avait dû reconnaître quelques jours plus tard, à savoir que le Québec serait plongé dans un déficit fiscal de 2,5 milliards $ l'année prochaine.

Maintes fois critiquée par l'opposition libérale sur cet échec de l'atteinte du déficit zéro, Mme Marois a répété que les revenus n'avaient pas autant été au rendez-vous que ce qui avait été anticipé et qu'un contrôle serré des dépenses avait été exercé. Elle a ajouté que plutôt que de baisser les bras, son gouvernement avait pris le taureau par les cornes avec sa politique sur l'emploi, qui devrait permettre d'engranger de nouveaux revenus.

La première ministre a aussi rapidement écarté de répondre à la demande de la Coalition avenir Québec - soit de procéder à des compressions de l'ordre de 1,5 milliards $ -, pour profiter de l'appui du parti pour le prochain budget de son gouvernement, qui devrait être déposé fin mars, début avril, a-t-elle précisé.

L'Assemblée nationale, qui fait relâche pour le congé des Fêtes, reprendra ses travaux en février.