Les syndicats des deux grands hôpitaux montréalais affiliés à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) se dissocient de l'appui de cette dernière à la Charte de la laïcité, qui a été annoncé jeudi en marge de son congrès fédéral, à Laval.

«J'ai des membres qui portent des signes religieux ostentatoires, et je ne veux pas brimer leurs droits. Pour moi, il est important de défendre tout le monde avec la même vigueur. C'est pourquoi nous nous dissocions de la position prise hier par la FIQ, qui appuie l'interdiction du port de signes religieux pour le personnel de la santé», a expliqué la présidente du syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardio-respiratoires (SPSICR) du CUSM, Line Larocque.

Souci de neutralité

«Nous voulons rester neutres envers nos salariés et ne pas créer une polarisation de plus dans ce débat. Nous avons une population à défendre, et parmi eux, certains portent des signes religieux. C'est un sujet très sensible pour nous localement», a pour sa part indiqué Guy Brochu, président du syndicat des professionnels et professionnelles en soin de santé (SPSS) du CHUM.

Les deux syndicats, qui représentent respectivement 3600 et 3300 professionnels au sein de la FIQ, ont envoyé hier à leurs membres un mémo expliquant pourquoi ils s'opposent à la position de la Fédération, qui appuie le projet de Charte de la laïcité et réclame un meilleur encadrement des accommodements pour motifs religieux.

Jeudi, la FIQ a dévoilé en marge de son congrès fédéral, réunissant 600 délégués à Laval, les résultats d'un sondage interne mené auprès de 647 de ses membres. Environ 60% d'entre eux se disent favorables à l'interdiction du port de signes religieux, et 76% veulent que les accommodements raisonnables soient mieux balisés.

Ni les résultats de ce sondage ni le vote qui s'est tenu pour appuyer la Charte ne permettent toutefois de voir s'il y a une division au sein de la FIQ entre les professionnels du Grand Montréal et ceux du reste du Québec.

«Pas de problèmes»

Mais pour les infirmières du CUSM, dans tous les cas, les demandes d'accommodement ne posent tout simplement pas de problèmes.

«En consultant mes différents bureaux syndicaux, nous avons conclu qu'il n'y avait pas de problèmes liés aux accommodements raisonnables au CUSM. Aucun dossier qui aurait pu poser problème n'est arrivé sur nos bureaux. Pour nous, il n'y en a pas de problèmes», a dit Mme Larocque.

La présidente de la FIQ, Régine Laurent, a dit ne pas craindre, jeudi, que les dissensions au sein de la Fédération créent des divisions.

«Même si les gens ne sont pas unanimes, le débat que nous avons eu s'est fait dans le respect, l'écoute et la solidarité. Les délégués ont répété à plusieurs reprises que la Fédération ne prenait pas position contre eux, mais pour une société que l'on souhaite», a-t-elle affirmé.