Pour éviter que les Québécois subissent un désastre écologique et ramassent la facture, Amir Khadir demande à Enbridge de créer un fonds de prévoyance pour son oléoduc 9B. La société albertaine veut inverser le flux de cet oléoduc déjà en place pour acheminer du pétrole de l'Ouest aux raffineries de Montréal.

Un fonds similaire existe déjà pour les minières. Elles doivent le doter pour garantir les coûts de restauration après la fin de l'exploitation d'une mine.

Hier, Enbridge a toutefois refusé de créer un fonds de prévoyance, comme les demandent aussi plusieurs municipalités. Montréal craint par exemple pour son eau potable. D'autres, comme Sainte-Anne-de-Bellevue, réclament aussi des redevances. Le gouvernement péquiste n'a pas repris ces demandes.

Le projet d'oléoduc est de compétence fédérale. Québec l'examine en commission parlementaire pour voir s'il donnera son accord moral. Enbridge a déjà dit qu'elle ne se sentirait pas forcément liée par les conclusions de cet exercice.

Enbridge a toutefois promis de payer pour les dommages à l'environnement, aux personnes et aux biens en cas de fuite ou déversement. C'est-à-dire qu'Enbridge a promis de respecter la loi fédérale.

Mais M. Khadir craint qu'Enbridge ne tienne pas parole. Il rappelle que lors de la catastrophe à la rivière Kalamazoo en 2010 - le pire déversement en sol de l'histoire américaine - Enbridge n'a pas voulu payer tous les frais, qui dépassent un milliard. Elle conteste encore une partie de la facture.

Un rapport des autorités américaines a dénoncé la «culture de déviance» qui régnait chez Enbridge.

Éric Prud'Homme, chef des affaires publiques de l'entreprise, a soutenu hier que plusieurs correctifs ont été apportés depuis.

M. Khadir reste sceptique. Il rappelle qu'au Canada, 117 des 125 stations de pompage d'Enbridge violent la réglementation fédérale. Elles n'ont pas de bouton d'interruption d'urgence ou de source d'énergie de secours, deux dispositifs cruciaux en cas d'accident. «Pourquoi ils feraient autrement?, dit M. Khadir. Ils font tellement de profit que si un accident arrive, même si ça coûte 1 milliard comme à Kalamazoo, ça ne leur pèse pas très lourd. Je ne dis pas qu'ils le font méchamment, mais c'est la logique avec laquelle ils font leurs calculs.»