Après avoir bloqué l'étude de la réforme minière péquiste, la Coalition avenir Québec propose une réforme d'urgence allégée, avec 10 fois moins d'articles.

«Je suis persuadé qu'on peut la faire adopter rapidement», croit son député François Bonnardel. Il veut offrir plus de prévisibilité pour l'industrie, après trois projets de loi avortés en trois ans.

Les caquistes et libéraux ont tué le projet de loi sur les minières de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet. Elle avait accepté de faire plusieurs des amendements réclamés par l'opposition. Par exemple, elle renonçait à son droit de regard sur les zones que les municipalités jugent compatibles ou incompatibles avec le développement minier. Elle simplifiait aussi l'étude de faisabilité imposée aux minières pour transformer la ressource en sol québécois. Mais elle n'avait pas présenté à l'opposition le libellé de ces amendements. Les caquistes et libéraux, qui ne cachaient pas leur «méfiance» viscérale envers la ministre, ont alors refusé d'étudier ces propositions.

M. Bonnardel l'accuse de ne pas avoir pris la peine de l'appeler. «Comment voulez qu'on travaille ensemble, quand on ne nous donne même pas un coup de téléphone?», a-t-il lancé vendredi.

La réforme minière caquiste ne compte qu'une trentaine d'articles. M. Bonnardel a «coupé la poire en deux» sur plusieurs aspects. Par exemple, les projets miniers de 3000 tonnes par jour et plus seraient assujettis au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. C'est environ la moitié du seuil actuel. Mme Ouellet voulait tous les assujettir.

La Coalition pour que les Québec ait meilleure mine, qui regroupe notamment des syndicats et des environnementalistes, dénonce cette «réformette». «On dénombre environ 30 concessions en faveur de l'industrie minière, au mépris des consensus précédents. Après deux rapports du vérificateur général, trois projets de loi étudiés en commission parlementaire et plusieurs consensus établis avec les municipalités et même l'industrie, on ne peut reculer comme ça», dénonce son porte-parole Ugo Lapointe. Il donne entre autres l'exemple des garanties financières pour restaurer une mine, que la CAQ allègerait.

«Nous accueillons positivement les propositions faites par la CAQ qui tiennent compte de bon nombre de nos recommandations sur le fond», a réagi Josée Méthot, présidente de l'Association minière du Québec.

Après le blocage de la réforme péquiste, les partis adoptent aujourd'hui un ton plus conciliant. La ministre Ouellet et Amir Khadir ont salué «l'ouverture» de la CAQ. Ils attendent d'analyser le contenu de la proposition avant de se positionner davantage. Les libéraux examineront aussi le document la semaine prochaine.

Mme Ouellet continue d'avancer de son côté. Elle songe maintenant à déposer un nouveau projet de loi, incluant les amendements promis pour rallier l'opposition libérale et caquiste et enfin faire adopter une nouvelle loi sur les mines. «Nous voulons le déposer le plus rapidement possible et l'adopter idéalement avant Noël. L'ouverture de la CAQ donne un bon signal pour obtenir leur appui», juge la ministre. Elle promet d'entrer en contact avec les libéraux et les caquistes