La direction du Parti québécois se défend d'intervenir dans les échanges entre les membres de son aile jeunesse et de «noyauter les sondages internet» du Comité national des jeunes du PQ, en dépit des accusations formulées sur Facebook. «Ce serait un peu fou d'essayer de restreindre les conversations», de résumer le directeur général du parti, Sylvain Tanguay.

En réaction à la publication par La Presse d'un long échange entre plusieurs élus régionaux du Comité des jeunes du PQ, auquel participait le président Frédéric Saint-Jean, M. Tanguay est catégorique: jamais le parti ne se mêle de censurer ou d'effacer des échanges qui seraient politiquement embarrassants. 

Dans leur conversation portant essentiellement sur le projet de charte des valeurs, les jeunes affirmaient sans détour qu'ils s'attendaient à ce que leurs propos disparaissent vite de la page du comité sur l'internet. «Ils vont la censurer comme ils le font toujours quand on touche de quoi de sensible», avait écrit Julie Hébert, conseillère jeune de Soulanges.

Sondages

De la même manière, M. Tanguay affirme que le parti ne «noyaute pas les sondages internet», comme le prétend un participant, Kenny Duque, d'Hochelaga-Maisonneuve, selon qui «ce n'est pas rassurant de savoir que des gens des communications noyautent les sondages internet». Les jeunes avaient, sur l'internet, procédé à un sondage auprès de leurs membres, un coup de sonde où les aînés péquistes ne sont pas intervenus, insiste-t-il. Bien sûr, l'aile jeunesse prend publiquement position, «on s'attend de voir les communiqués, ne serait-ce que pour la syntaxe. On est un parti politique», observe Tanguay dans un entretien avec La Presse, hier. 

Il s'inscrit en faux aussi contre l'affirmation d'une jeune participante selon qui, en un an, on constatait un taux de roulement de 100% de l'exécutif jeune au PQ. «C'est exagéré», insiste Tanguay, qui rappelle toutefois que «ce sont des bénévoles et des jeunes», par définition plus susceptibles de circuler entre les diverses structures du parti.

Le dossier Enbridge

Un autre échange entre les élus du comité des jeunes du PQ, obtenu par La Presse, montrait que dans le dossier d'Enbridge, la position adoptée par le parti en conseil national, le 10 novembre, était loin de faire l'unanimité trois jours plus tard. Le gouvernement Marois a enclenché une commission parlementaire sur l'inversion du flux de l'oléoduc 9B d'Enbridge, mais d'entrée de jeu, le ministre de l'Environnement Yves-François Blanchet avait indiqué que le gouvernement avait «un préjugé favorable» pour ce projet «d'abord économique».

Ce parti pris agace les jeunes militants confrontés à un débat très technique. L'un d'eux, Charles Olivier, responsable de la Mauricie, exhorte ses collègues à «appeler du monde dans le cabinet de la ministre [Martine] Ouellet pour avoir la bonne réponse». «Je ne me fie plus à aucun média!», ajoute-t-il.

Pour la région de l'Estrie, Charles Picard-Duquette soutient que le ministre Blanchet a eu le mandat clair de faire une évaluation du projet. Si les risques sont faibles, «ce serait dogmatique pas à peu près de refuser l'inversion». «On ne peut pas bloquer les projets parce qu'il y a des risques», poursuivra-t-il.

Opposée au projet d'inversion, Julie Hébert de Soulanges préférerait qu'on construise un nouvel oléoduc. Ceux qui appuient Enbrigde tentent d'opposer le projet au transport par train, bien plus risqué. Mais les pipelines ne sont pas au-dessus de tout soupçon. On a observé 804 déversements entre 1999 et 2010, et 119 stations de pompage sur 125 ne sont pas conformes. L'oléoduc d'Enbridge a 35 ans. «L'inversement du flux de ces pipelines est tout simplement stupide puisqu'ils ne sont pas conçus pour ça, qu'ils sont désuets», de renchérir Jonathan F. Gagnon.

Pour M. Picard-Duquette, en revanche, l'inversion du pipeline «assurerait la survie de deux raffineries québécoises et soutiendrait le secteur de la pétrochimie à Montréal, d'après une étude de l'Institut économique de Montréal». 

«Ce n'est pas ce que j'appelle une source fiable, neutre et indépendante», réplique Guillaume Rousseau. Selon lui, M. Picard-Duquette, représentant de l'Estrie, estime que «Greenpeace ne travaille pas pour la population. [Ses membres] défendent des intérêts anti-néolibéraux et altermondialistes en faisant croire qu'ils sont pour l'environnement. Ce sont des groupes aussi dangereux que la CLAC et la ligue communiste».