La Sûreté du Québec (SQ) n'a pas informé la première ministre Pauline Marois qu'un voisin de son nouveau condo au Mexique est l'entrepreneur Paolo Catania, accusé par l'UPAC de complot, fraude et abus de confiance.

«J'ai appris que M. Catania avait acheté un appartement dans le même complexe que moi [mercredi], en même temps que vous. Je ne le savais pas», a affirmé Mme Marois.

Comme le révélait Le Devoir, Pauline Marois et son mari Claude Blanchet ont acheté en juillet un appartement-terrasse dans un complexe immobilier luxueux de l'État de Jalisco, au Mexique. Paolo Catania et sa conjointe ont quant à eux pris possession d'un appartement-terrasse dans le même complexe quelques mois auparavant, en février.

Selon nos sources, les appartements du couple Blanchet-Marois et de Paolo Catania sont bel et bien voisins au même étage du luxueux complexe Peninsula, à Nuevo Vallarta. Ces appartements ont une superficie d'environ 5000 pieds carrés.

Mme Marois risque aussi de rencontrer au cours de ses prochaines vacances un entrepreneur dont les liens avec la mafia ont été exposés tant lors de l'enquête Colisée de la GRC que lors des audiences de la commission Charbonneau. Nicolo Milioto, alias Monsieur Trottoir, est en effet propriétaire d'un appartement dans le même secteur, a appris La Presse. Pauline Marois ne disposait pas non plus de cette information, confirme son entourage.

La Sûreté du Québec n'a pas voulu donner de précisions sur les vérifications qui ont été faites avant que le couple Marois-Blanchet ne conclue l'achat du condo. «Le travail de la Sûreté est de faire ce qui est nécessaire afin d'assurer la sécurité de la première ministre dans ses déplacements et dans ses actions. Je ne peux commenter un cas en particulier», a dit le porte-parole Benoit Richard.

La SQ a-t-elle commis une faute dans le dossier? «Je n'ai pas à juger des agissements. S'il y a lieu, ce sera des choses qui seront rapportées éventuellement», a-t-il répondu.

Paolo Catania, dirigeant de la firme Construction Frank Catania, fondée par son père, a été arrêté et accusé en 2012 par l'UPAC dans le cadre du scandale du Faubourg Contrecoeur à Montréal.

En juin dernier, Revenu Québec a aussi déposé 989 chefs d'accusation contre sept firmes, dont principalement Construction Frank Catania, et son dirigeant, dans un dossier de fausse facturation.

Plusieurs témoins ont aussi affirmé sous serment à la commission Charbonneau que Paolo Catania était un important acteur du système de collusion et de corruption. À titre d'exemple, Elio Pagliarulo, un ancien partenaire d'affaires du dirigeant de Construction Frank Catania, a soutenu que Paolo Catania avait offert environ 500 000$ en pots-de-vin en argent et autres faveurs à Frank Zampino à titre de remerciements pour services rendus dans le dossier Contrecoeur.