«Hypocrites! Poules pas de tête!» Le ton a monté entre les politiciens, hier, dans le débat sur la Charte de la laïcité. L'opposition libérale a critiqué le ministre Bernard Drainville, qui a payé une publicité dans le feuillet paroissial d'une église de sa circonscription. JeanMarc Fournier a même fait un rapprochement dangereux entre l'interdiction du port de signes religieux et les atrocités commises par les nazis à l'endroit du peuple juif.
Dimanche dernier, le député Fournier, avec son chef Philippe Couillard, a assisté à la cérémonie marquant le 75e anniversaire de la Nuit de cristal où, le soir de novembre 1938, les nazis ont brisé les vitrines de plus de 7000 commerces détenus par des Juifs et vandalisé 200 synagogues. Le rabbin a évoqué le souvenir d'un homme arrêté ce soir-là, tué pour avoir dérogé aux ordres des militaires afin de retrouver sa kippa perdue. «Le symbole a une valeur personnelle pour celui qui le porte, et celui qui n'en porte pas peut peut-être se permettre de faire un jugement, mais on devrait se réserver quand même la possibilité de questionner celui qui le porte, de lui demander ce que ça représente pour lui», a dit M. Fournier, soulignant que cet homme «avait choisi la kippa plutôt que la vie».
Constatant qu'il était en terrain miné, en plein débat sur la Charte au Québec, M. Fournier s'est défendu de vouloir établir un lien entre le gouvernement Marois et le régime nazi. «Ne me prêtez pas d'intention, je ne peux pas être plus clair que ça. Il n'y a aucun lien, je vais répéter, aucun lien entre le projet du gouvernement et le mouvement nazi, vraiment aucun lien», a-t-il maintes fois répété aux journalistes qui jugeaient le rapprochement ambigu. Le ministre Bernard Drainville s'est refusé à tout commentaire.
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En revanche, le parrain de la Charte de la laïcité a répliqué vertement aux accusations du libéral Fournier, qui jugeait «hypocrite» la démarche du ministre, qui a payé de la publicité dans le feuillet paroissial d'une église de sa circonscription. «J'ai le droit de communiquer avec mon monde, j'ai mis ma carte d'affaires pour dire: «Si vous voulez me contacter, voilà mes coordonnées.» Les libéraux se sont empêtrés dans le débat sur la Charte et, pour s'en sortir, disent des niaiseries. Ils sont déconnectés, comme des poules pas de tête!», a lancé M. Drainville. Il a expliqué que cette publicité ne signifiait pas pour autant qu'il faisait sien «le sermon du curé». D'ailleurs, si d'autres confessions avaient pris contact avec lui, il aurait mis la même publicité dans le bulletin d'une mosquée ou d'une synagogue, a-t-il assuré.
Pour M. Fournier, on ne peut se draper dans la neutralité religieuse de l'État et en même temps passer par des moyens de communication confessionnels pour se faire entendre.