Il n'y a pas de candidat du Parti québécois qui porte le voile, le turban ou une grosse croix, et il n'y en aura pas non plus.

Réunis en conseil national cette fin de semaine, les militants ont adopté une «résolution d'urgence» pour que les futurs candidats «s'abstiennent de porter des signes religieux ostentatoires» à l'Assemblée nationale et ailleurs dans le cadre leurs fonctions.

Bernard Drainville et Pauline Marois se sont présentés au micro pour convaincre les militants d'adopter la résolution. Elle provenait de Marie-Victorin, la circonscription de M. Drainville.

«Malaise»

La première ministre a expliqué qu'elle ressentirait un «malaise» à permettre à un candidat péquiste de porter un signe interdit à tous les employés de l'État.

Le projet de loi sur la Charte des «valeurs de laïcité» permettrait aux élus de porter des signes religieux ostentatoires. Pour l'interdire, il faudrait passer par le bureau l'Assemblée nationale, où siège aussi l'opposition. L'unanimité y serait requise. À défaut de pouvoir obtenir une telle entente, les péquistes veulent donner l'exemple.

«En caucus, comme député, on a déjà décidé (à l'unanimité) de renoncer à porter un signe religieux ostentatoire», a expliqué M. Drainville, ministre des Institutions démocratiques.

Avant le vote, deux dissidents ont critiqué l'idée au micro. «La société de demain sera une société métissée. (...) Je ne veux pas que le Parti québécois exclue qui que ce soit qui veut venir avec nous pour notre projet de société», a dit un militant de l'Acadie. «Si les électeurs ont élu une personne, je ne vois pas pourquoi on lui demanderait de changer qui elle est», a ajouté un collègue. Quelques critiques les ont chahutés, sans toutefois faire beaucoup de bruit.

La résolution a facilement été adoptée. Selon notre décompte, seulement cinq militants ont voté contre. Il y en avait environ 500 dans la salle.

Le projet de charte a reçu deux autres appuis des militants au conseil national: de l'aile jeunesse et de la région de Montréal-Centre, qui voulait prouver que la métropole ne diffère pas des régions sur cet enjeu.

Marois pour l'interdiction générale

Samedi, l'exécutif national a appelé les militants à utiliser la Charte pour mobiliser les électeurs et amasser de l'argent en prévision de la prochaine campagne. Pour adopter la Charte, le gouvernement péquiste minoritaire a besoin de l'appui de la Coalition avenir Québec. Mais Mme Marois ne semble pas avoir l'intention d'adopter un compromis au sujet des signes religieux ostentatoires.

Il faut les interdire à l'ensemble des employés de l'État, insiste-t-elle. «C'est important pour qu'il n'y ait pas deux catégories de personnes. [...] Ce n'est pas contre personne, et c'est pour tout le monde.»

En anglais, elle a expliqué que si un croyant choisit de porter un signe religieux, il peut donc aussi choisir de l'enlever. Et que si un croyant estime qu'il ne peut enlever son signe religieux, cela démontre qu'il ne peut distinguer la religion de sa personne, et qu'il contrevient donc à la neutralité de l'État.

Devant ses militants dimanche, Mme Marois a prononcé un discours particulièrement axé sur l'indépendance. Elle ne fait toutefois pas de lien entre la souveraineté et son projet de charte. «La Charte n'a pas été déposée pour nous donner un avantage sur la question de la souveraineté, a-t-elle tenu à préciser. Je veux être très claire là-dessus.»