La Coalition avenir Québec (CAQ) réclame des changements à la gouvernance du Fonds de solidarité de la FTQ pour dissiper toute apparence de conflit d'intérêts.

Le chef de la CAQ, François Legault, a affirmé mardi que le gouvernement doit changer la loi afin d'améliorer l'indépendance de son conseil d'administration.

Selon M. Legault, la présidence du c.a. ne doit plus revenir au président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), le syndicat qui a créé, il y a 30 ans, le fonds dont l'actif s'élève maintenant 9,3 milliards $.

Le chef caquiste croit que cette fonction devrait être exercée par un administrateur indépendant. M. Legault estime aussi que le c.a. devrait être majoritairement composé d'administrateurs qui n'ont aucun lien avec le syndicat, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, qui a annoncé lundi qu'il ne solliciterait pas de nouveau mandat, est attendu mardi en commission parlementaire concernant la gouvernance du fonds, dont les cotisants bénéficient de généreux crédits d'impôts.

Lors d'un point de presse, M. Legault a affirmé que des reportages et des témoignages devant la Commission Charbonneau sur la construction ont soulevé des doutes quant aux risques de conflits d'intérêts dans la gouvernance du fonds.

«Quand je vois des gens venir devant la Commission Charbonneau dire que la FTQ est intervenue directement dans l'analyse de certains dossiers, ce n'est pas normal, a-t-il dit. Un conseil d'administration devrait faire des affaires seulement avec le président, ne devrait pas intervenir auprès des analystes. Je pense qu'il y a un problème de conflit d'intérêts et sûrement d'apparence de conflits d'intérêts.»

En Chambre, la première ministre Pauline Marois a montré de l'ouverture envers des modifications à la gouvernance du fonds, si cela s'avère nécessaire.

«Je suis tout à fait disponible pour envisager une telle modification», a-t-elle dit, en plaidant qu'elle souhaite cependant avoir un portrait d'ensemble de la situation avant d'agir.

La semaine dernière, le député caquiste Chistian Dubé avait relevé des pratiques inhabituelles à la suite d'un témoignage devant la Commission Charbonneau exposant l'implication de M. Arsenault dans le dossier d'une entreprise infiltrée par le crime organisé qui n'a finalement pas obtenu le soutien financier du fonds.

M. Legault a aussi cité un reportage, dimanche, qui affirme qu'une entreprise appartenant en partie au mari de Mme Marois, Claude Blanchet, aurait été favorisée pour l'obtention d'un financement du fonds, en 2008.

«C'est un commentaire qui s'ajoute à plusieurs commentaires qui ont été faits dans le même sens, à l'effet que des gens de la FTQ intervenaient directement dans des dossiers du fonds, a-t-il dit. C'est de l'argent public, ce n'est pas comme ça que ça devrait être géré.»

M. Arsenault a causé la surprise en annonçant lundi qu'il renonçait à briguer un troisième mandat à la tête de la FTQ, quelques semaines à peine avant l'élection, prévue à la fin du mois à Québec.

Au cours des dernières années, M. Arsenault s'est retrouvé à plusieurs reprises sur la sellette, notamment lorsqu'il a dû expliquer pourquoi il avait séjourné sur le luxueux yacht de l'entrepreneur en construction Tony Accurso, qui a par la suite été accusé de fraude.

Plus récemment, des écoutes électroniques obtenues lors d'une enquête policière, présentées devant la Commission Charbonneau, ont révélé que M. Arsenault n'est pas intervenu même s'il savait que la FTQ-Construction, un syndicat affilié, était infiltré par le crime organisé.