Un fidèle de Pauline Marois et de son mari continue de conclure des contrats de lobbyisme gouvernemental après avoir été nommé à un poste chez Investissement Québec - puis aussitôt suspendu.
Jean-Yves Duthel a inscrit deux nouveaux mandats au Registre des lobbyistes dans les dernières semaines. Il a indiqué faire pression sur le gouvernement et sur Investissement Québec - l'employeur qui a suspendu sa nomination - pour le compte de deux clients, afin de recevoir des subventions du fonds pour l'électrification des transports.
M. Duthel a travaillé étroitement avec Claude Blanchet, mari de Pauline Marois, à l'époque où ce dernier dirigeait la Société générale de financement (SGF) et le Fonds de solidarité FTQ. Il a aussi travaillé dans divers cabinets péquistes, ainsi qu'à la permanence du parti.
Nomination «sur la glace»
En avril dernier, son entrée en poste comme représentant d'Investissement Québec à Munich avait été «suspendue» après avoir été révélée par La Presse. C'est que M. Duthel est accusé par le Directeur général des élections (DGEQ) d'avoir participé à un stratagème de contributions illégales chez Vision Montréal, en 2008. Il clame son innocence et attend son procès avec impatience.
«[La nomination] est sur la glace et je gagne ma vie, a expliqué le lobbyiste en entrevue avec La Presse, hier. Je gagne ma vie honnêtement.»
M. Duthel a ajouté qu'il acceptait déjà ce type de mandat avant sa nomination.
Électrification des transports
Les deux mandats qu'il vient d'accepter lui rapporteront chacun «entre 10 000$ et 50 000$».
Selon le Registre des lobbyistes, il compte notamment faire pression sur Investissement Québec, le cabinet de la première ministre et différents ministères pour obtenir de l'aide gouvernementale. Une entreprise qui veut mêler bornes de recharge électriques et lave-auto désire obtenir «un maximum de 20 millions sur trois ans», alors qu'un constructeur de motos électriques veut un «montant inconnu à l'heure actuelle».
Pauline Marois a annoncé cet automne que le gouvernement investirait plus d'un demi-milliard de dollars dans l'électrification des transports.
Chez Investissement Québec, on a confirmé à La Presse que la nomination de M. Duthel n'avait pas été annulée et qu'elle était toujours «sur la glace». Le DGEQ a pour sa part indiqué qu'il allait de l'avant avec sa poursuite pénale contre lui.
Cet été, Radio-Canada a rapporté que M. Duthel comptait poursuivre Investissement Québec pour recouvrer son poste. En entrevue avec La Presse, hier, il a affirmé qu'il n'était pas encore passé à l'action.