Philippe Couillard abat ses premières cartes en vue des élections. Dans le programme électoral qu'il soumet au conseil général de son parti samedi, le chef libéral s'engage, entre autres, à doter Montréal de pouvoirs plus importants, comparables à ceux de Toronto.

La métropole québécoise aurait ainsi des pouvoirs de taxation élargis, mais aussi plus d'autonomie. Elle pourrait revoir elle-même ses règles de gouvernance plutôt que de devoir demander à Québec de procéder aux changements.

Certes, le libellé de la proposition contenue dans le programme électoral est évasif. On parle «d'accompagner Montréal et les administrations s'y rattachant (l'AMT, la STM, la Ville, etc.) dans leur volonté de se doter d'une gouvernance moderne qui soit propice à son développement». «À la demande des administrations, la charte de Montréal sera modernisée et actualisée», ajoute-t-on. Mais l'attaché de presse de M. Couillard, Harold Fortin, a clairement indiqué que son chef veut s'inspirer du Toronto Act, adopté en 2007 par Queen's Park, pour «redéfinir la relation entre le gouvernement du Québec et Montréal». 

«L'objectif est de donner une plus grande autonomie à Montréal et de lui donner les pouvoirs et les moyens pour prendre plus de décisions localement», a-t-il expliqué vendredi.

Le programme électoral de Philippe Couillard, qui sera débattu par les militants libéraux à Montréal, fait de l'équilibre budgétaire la priorité d'un prochain gouvernement libéral. 

Il contient une cinquantaine de promesses qui prennent souvent la forme d'objectifs ou de déclarations de principes, plutôt que de mesures concrètes. 

Le chef libéral n'ouvre pas tout son jeu: un autre document, plus détaillé, sera dévoilé une fois les élections déclenchées.

Huit idées du chef libéral

Taxes foncières: un coup de pouce pour les aînés

Philippe Couillard veut venir en aide aux aînés qui ont du mal à payer les taxes foncières de leur propriété en raison de l'augmentation de sa valeur. Il entend créer un «programme de régulation de l'impôt foncier», dont les détails seront connus plus tard, pour leur «permettre de conserver leur maison malgré les hausses de taxes».

Aide à l'achat d'une première maison

Philippe Couillard entend «faciliter l'accès à la propriété pour les jeunes familles dans un contexte où la valeur des résidences augmente plus rapidement que les revenus». Là encore, il faudra attendre pour les détails.

Peu de détails sur la «réforme majeure de la fiscalité»

Philippe Couillard a promis une «réforme majeure de la fiscalité» lors de la course à la direction. Il n'a pas donné beaucoup de détails jusqu'ici, et on n'en apprend pas davantage dans son programme électoral. Il se limite à promettre de «mandater un comité d'experts qui aura pour mission de réviser en profondeur notre régime fiscal pour qu'il encourage les particuliers à améliorer leur sort ainsi que leurs revenus et pour qu'il soit simplifié pour les entreprises».

Droits de scolarité: le PLQ se contente d'une indexation

Le PLQ ne veut pas revivre le printemps érable. Il bat en retraite et renonce à augmenter de façon importante les droits de scolarité à l'université. Il se contente de proposer une indexation. Il reprend ainsi la décision du gouvernement Marois adoptée à l'issue du Sommet de l'enseignement supérieur de février dernier.

Pas de relance des négociations constitutionnelles, mais...

Philippe Couillard s'est déjà dit prêt à relancer les négociations constitutionnelles avec Ottawa. Or, il modère aujourd'hui ses ardeurs: son programme électoral ne prévoit pas une telle offensive. Il signale seulement qu'un gouvernement libéral refuserait de participer à de telles négociations «si les revendications traditionnelles du Québec, historiquement défendues par notre parti, ne figurent pas à l'ordre du jour». En clair, si Ottawa veut rouvrir la Constitution pour modifier, voire abolir le Sénat, un gouvernement libéral demanderait de négocier d'abord la réintégration du Québec.

Un financement revu pour les hôpitaux

Raymond Bachand l'a proposé dans son dernier budget. Le gouvernement Marois l'a mis sur une voie de garage. Mais Philippe Couillard entend le concrétiser: le financement des hôpitaux à l'activité plutôt que sur une base historique serait adopté sous un gouvernement libéral. Avec cette mesure, on ferait en sorte que «l'argent public soit davantage utilisé pour les services aux patients, tout en récompensant la productivité et les meilleurs résultats», lit-on dans le programme électoral.

Des principes, mais pas de code d'éthique

Contrairement à ce qu'avait dit Philippe Couillard, le PLQ n'aura pas son propre code d'éthique au terme du conseil général. On se contentera d'adopter les «principes qui sous-tendent» ce futur code. Il faudra attendre le congrès des membres de 2014, soit peut-être après les prochaines élections, pour connaître les règles d'éthique précises. Le code sera alors adopté et enchâssé dans la constitution du parti. Pour l'heure, le document qui sera soumis aux membres samedi évoque des règles pour prévenir les situations de conflit d'intérêts et des «restrictions à la sollicitation ou à l'acceptation de cadeaux ou de faveurs». Il prévoit la création d'un comité d'éthique «composé de personnes reconnues pour leur impartialité et leur intégrité» et chargé chargé d'appliquer le code et de traiter les plaintes. Il n'aurait qu'un simple pouvoir de recommandation. Le document parle de «sanctions» contre les fautifs, mais celles-ci ne sont pas précisées.

Couillard met le cap  sur le fleuve, lui aussi

Philippe Couillard ne veut pas laisser François Legault «surfer» seul sur le Saint-Laurent. Il promet «d'élaborer la première stratégie maritime de l'histoire du Québec qui mettra en valeur tout le potentiel du fleuve». Il n'abandonne pas pour autant le Plan Nord qui était si cher à Jean Charest. Il veut plutôt le «relancer» avec une «offensive majeure» pour que toutes les régions bénéficient de ses retombées.