Pierre Duchesne se défend d'avoir imposé des compressions aux universités et au secteur de la recherche pour ensuite leur redonner cet argent dans le cadre de la Politique nationale de la recherche et de l'innovation (PNRI) du gouvernement Marois.

C'est ce que le ministre de l'Enseignement supérieur a indiqué, mercredi, en marge du dévoilement de cette politique qui, selon le gouvernement péquiste, représente un investissement de 3,7 milliards $ sur cinq ans.

Peu après son arrivée au pouvoir, en septembre 2012, le gouvernement Marois avait été critiqué par les intervenants du milieu universitaire et de la recherche pour l'ampleur des compressions exigées dans ces deux secteurs.

M. Duchesne a expliqué que lorsqu'il a été nommé ministre, la deuxième Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation tirait à sa fin.

«Il n'y avait pas de travaux et de mesures prévues pour une troisième stratégie, a-t-il dit. J'ai dû, en quelque mois, avec les gens du ministère, préparer une politique nationale. Je crois que les sommes sont au rendez-vous.»

Le ministre a affirmé qu'il s'est assuré de ne pas causer des «torts irréparables» pendant cette «période de flottement», alors qu'il était notamment la cible des critiques des chercheurs du secteur québécois de la santé.

Selon lui, cette nouvelle politique répond aux attentes. Elle devrait garantir la protection des budgets des fonds de recherche du Québec pour cinq ans en plus de majorer de 25% leur base budgétaire.

Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, a quant à lui indiqué qu'il croyait que le milieu scientifique s'était réconcilié avec le gouvernement péquiste.

«Je pense que oui, a-t-il affirmé. Les gens sont quand même contents. La politique ne s'est pas bâtie de façon isolée. Il y a eu des consultations.»

Récemment la cible de compressions, les universités et le réseau collégial ne sont pas en reste. M. Duchesne a indiqué que 1,3 milliard $ devrait être investi par le biais de diverses mesures afin de bonifier la recherche et la formation technique.

De l'aide pour les entreprises

Les PME seront également courtisées par la PNRI, puisqu'une aide financière sera offerte aux compagnies qui voudront entreprendre le dépôt d'une première demande de brevet.

Sept domaines sont définis comme prioritaires par Québec: l'aéronautique, le bioalimentaire, les biotechnologies, les énergies renouvelables et l'électrification des transports, les industries créatives, les soins de santé personnalisés ainsi que les technologies de l'information et des communications.

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui accueille favorablement la politique, aurait cependant souhaité que le gouvernement Marois mise sur davantage de secteurs.

«Là, on va mettre un peu d'engrais sur certaines plantes dans le jardin, puis les autres, on va les laisser à l'abandon, a observé sa vice-présidente, Martine Hébert. On n'arrosera pas l'ensemble du jardin.»

Ultimement, Québec souhaite que la part de son PIB consacrée à la recherche atteigne 3%. Cette proportion a reculé au cours des dernières années et était à 2,4% en 2009.

L'enveloppe budgétaire de la recherche et de l'innovation sera de 2,1 milliards $ pour les trois prochaines années, ce qui, selon le ministre Duchesne, représentera 500 millions $ de plus que le budget de la période 2010-2013.

Trois grands axes de recherche seront aussi stimulés par cette politique: les changements démographiques, le développement durable ainsi que l'identité québécoise.

«Le Québec est l'une des sociétés avec le Japon qui vieillit le plus rapidement au monde, a rappelé M. Duchesne, faisant référence à la démographie. Les défis sont nombreux en ce qui a trait à la santé, entre autres.»

En ce qui a trait aux recherches sur l'identité québécoise, M. Duchesne a balayé du revers de la main la possibilité qu'elles soient motivées par les aspirations souverainistes du gouvernement Marois.

«Ce n'est pas parce qu'il y a des débats sur le statut politique du Québec qu'il faut s'empêcher de mettre en évidence l'importance de préciser et mettre en valeur l'identité québécoise», a-t-il dit.

Au total, un montant de 173,3 millions $ devrait ainsi être injecté dans ces trois secteurs de recherche.

Réactions

Si le Conseil du patronat du Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain ont réservé un accueil favorable à la PNRI, la réaction a été différente du côté des partis d'opposition à l'Assemblée nationale.

Le porte-parole libéral en matière d'économie du savoir, Pierre Arcand, a reproché au ministre Duchesne d'avoir annoncé des mesures qui ne sont pas prévues au dernier budget du ministre Nicolas Marceau et qui ne sont pas accompagnées d'un cadre financier.

De son côté, la Coalition avenir Québec a accusé le gouvernement Marois de se contenter d'annoncer des mesures «électoralistes». Son porte-parole en matière d'enseignement supérieur, Stéphane Le Bouyonnec, a accusé le ministre Duchesne de saupoudrer des dépenses.