Si jamais la première ministre Pauline Marois renonce à déclencher des élections générales cet automne, elle signera du même coup l'arrêt de mort du Parti québécois (PQ), selon le député libéral Pierre Paradis.

Car la situation économique du Québec ne cesse de se dégrader et risque fort de se détériorer encore plus d'ici le printemps prochain, si on se fie à divers indicateurs, plaide-t-il. Or, un tel scénario de morosité économique, voire de récession appréhendée, accentué par un taux de chômage élevé, actuellement en hausse à 7,9 %, éloignera à coup sûr les électeurs du PQ, a fait valoir en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne le député de Brome-Missisquoi, qui est porte-parole de sa formation politique en matière économique.

Dans leur propre intérêt, les péquistes de Mme Marois devraient donc céder dès maintenant au chant des sirènes électorales, pour se prémunir contre ce scénario-catastrophe qui aurait pour conclusion logique la mort à petit feu du parti fondé par René Lévesque.

«Mais s'ils se rendent au printemps prochain (pour déclencher l'élection), je ne sais pas ce qui va rester» du PQ, a-t-il commenté. Chose certaine, «il ne restera pas beaucoup de vie» dans ce parti.

En l'absence d'une embellie économique printanière, «et il n'y a pas de signaux de redressement» présentement, le PQ sera éliminé de la carte, selon lui.

Le choix de dates qui s'offre à la première ministre n'est donc pas banal, à ses yeux. Mme Marois y joue sa place dans l'histoire, selon le député libéral, qui imagine mal la chef péquiste dans la peau du fossoyeur du Parti québécois.

«Elle ne veut pas que sur sa pierre tombale (soit inscrit): «Ici gît Pauline Marois, première femme premier ministre du Québec, qui a détruit le Parti québécois'», a ironisé M. Paradis.

Il se dit persuadé que «Mme Marois sait que si elle va plus loin (dans le temps), elle peut risquer de détruire le PQ», et qu'elle ne prendra pas un tel risque.

C'est pourquoi le Québec sera en campagne électorale en novembre pour un scrutin en décembre, croit-il. Le député prédit l'élection d'un gouvernement majoritaire libéral, mais pas de balayage de l'équipe Couillard, car les péquistes «vont faire bonne figure», selon lui.

Ce faisant, Mme Marois éviterait ainsi de voir son gouvernement minoritaire défait lors du vote en Chambre sur le prochain budget, attendu en mars.

Il prédit aussi que la précarité actuelle des finances publiques avec des revenus en chute libre dans les coffres de l'État, la situation économique trouble et les pertes de 45 000 emplois depuis le début de l'année, inciteront Québec à repousser l'échéance du déficit zéro, prévu en 2013-2014.

Dans le même esprit, le gouvernement renoncerait à présenter cet automne la mise à jour économique pourtant promise par le ministre des Finances, Nicolas Marceau. «On me dit qu'elle n'aura pas lieu», assure M. Paradis, sans mentionner sa source.

De son côté, le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, en tournée aux Îles-de-la-Madeleine, réagira mardi à la nouvelle politique économique du gouvernement, rendue publique par la première ministre Pauline Marois lundi, une politique qualifiée par M. Paradis de «plan de marketing de boucane».

Signe supplémentaire d'élections hâtives, il reproche au gouvernement minoritaire de Mme Marois de ne pas avoir avisé ou consulté les partis d'opposition pour s'assurer de leur appui en vue de donner suite à court terme aux mesures contenues dans cette politique.