Le retour à l'équilibre budgétaire est menacé, s'inquiète le Parti libéral, qui demande au gouvernement péquiste de présenter cet après-midi des mesures immédiates, et pas seulement une politique économique à long terme.

«On veut savoir s'ils maintiennent leur objectif d'équilibre budgétaire pour cette année. Et si c'est le cas, on veut savoir comment ils vont s'y prendre», lance M. Paradis.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, présentera sa «Politique économique - Priorité emploi du gouvernement du Québec » cet après-midi à Montréal, en compagnie de la première ministre Pauline Marois

Les oppositions libérale, caquiste et solidaire n'ont pas été invitées au huis clos.

M. Paradis rappelle que Québec accuse déjà un déficit de 1,8 milliard après le premier trimestre. Il serait donc extrêmement difficile d'atteindre le déficit zéro à la fin de l'année fiscale.

Pour le premier trimestre (avril à juin 2013), l'économie décroît. Le PIB a baissé de 2,9% (à un rythme annualisé). Les revenus de l'État (dont les taxes et impôts) ont donc diminué.

Depuis janvier, il s'est perdu 45 000 emplois au Québec, alors qu'il s'en est créé 145 000 ailleurs au Canada.

Durant la même période, les dépenses ont augmenté plus que prévu. Elles ont bondi de 434 millions. La cible était une hausse de 314 millions.

Dans les derniers mois, Mme Marois a envoyé des signaux contradictoires sur le déficit zéro.

M. Marceau a indiqué vendredi dernier que c'était encore sa «cible». Il a toutefois précisé qu'il devait mettre les derniers chiffres à jour avant de pouvoir confirmer que cette cible serait respectée. Et il a ajouté qu'il ne poserait pas de geste pouvant compromettre la croissance économique. Il a ainsi écarté de possibles compressions additionnelles pour atteindre le déficit à tout prix.

Le cas du Québec n'est pas si différent de quelques autres provinces canadiennes qui ont aussi reporté le retour à l'équilibre budgétaire. L'ex-ministre libéral du Développement économique, Clément Gignac, affirmait récemment que ce ne serait pas un drame. Cela pourrait même se faire sans nuire à la cote de crédit, ajoutait-il. C'est plutôt l'obsession du déficit zéro, avec ses nouvelles compressions, qui risque de plonger le Québec en récession, prévenait-il. La Protectrice du citoyen a soutenu récemment que les compressions dans les dépenses affectaient les services aux citoyens.

Selon M. Gignac, les agences de notation maintiendraient la cote du Québec si le contrôle des dépenses - le facteur qu'un gouvernement peut contrôler directement - maintient les objectifs. Mais les nouveaux chiffres montrent que Québec n'atteint pas ses objectifs de contrôle des dépenses, lui répond son ancien collègue Pierre Paradis.

Les libéraux avaient voté en faveur du budget péquiste présenté en novembre dernier, afin de ne pas renverser le gouvernement deux mois seulement après son élection. «Si le ministre Marceau reporte l'équilibre budgétaire, il dénature le budget. Il faudra qu'il en présente un nouveau», lance-t-il.