Le délégué général du Québec à New York, André Boisclair, doit être suspendu et rentrer immédiatement à Montréal pour s'expliquer au sujet d'un prêt controversé à son ami entrepreneur Paul Sauvé, demande la Coalition avenir Québec (CAQ).

«Tant que la lumière ne sera pas faite, il n'a plus la légitimité pour occuper ce poste», a lancé le caquiste Jacques Duchesneau.  Les représentants de l'État doivent montrer patte blanche, dit la CAQ. «Il n'est pas inhabituel qu'on rappelle des ambassadeurs», ajoute M. Duchesneau. 

L'ex patron de l'Unité anticollusion a même fait un lien entre la consommation passée de cocaïne de M. Boisclair et cette aide.

«En 2005, M. Boisclair lui-même avouait qu'alors qu'il était ministre, il avait consommé de la cocaïne. La question qu'on se pose: M. Sauvé étant associé aux Hells Angels, et qu'on ait une subvention de 2,5 millions de dollars donnée... Est-ce que c'est venu influencer sa décision? Je ne sais pas», a avancé M. Duchesneau.

En 2005, M. Boisclair avait déjà dit qu'il avait déjà consommé lorsqu'il était ministre, mais que sa dernière consommation de cocaïne remontait à «sept ou huit ans».

Quant à M. Sauvé, le Hells Angel «Casper» Ouimet avait essayé de prendre le contrôle de son entreprise de maçonnerie. Cela avait donné lieu à l'opération Diligence.   

À la commission Charbonneau, Paul Sauvé a été longuement questionné au sujet d'une subvention octroyée en 2003 par son vieil ami, M. Boisclair. Le ministre péquiste lui avait donné une subvention de 2,5 millions de dollars pour la réfection de l'Église St. James dans le centre-ville de Montréal. 

Or, M. Duchesneau a distribué une lettre ce matin pour prouver que cette subvention avait été accordée le 10 avril 2003, soit seulement quatre jours avant les élections, que les libéraux allaient gagner facilement avec un mandat majoritaire. 

M. Boisclair savait que son parti se dirigeait vers la défaite et s'est précipité pour récompenser un ami, liant ainsi les mains du futur gouvernement, a accusé la CAQ. 

L'ex-ministre péquiste n'a pas encore été convoqué par la commission Charbonneau. M. Duchesneau souhaite qu'il s'y explique, mais aussi qu'il fasse l'objet d'une enquête.

Le ministre du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, a rencontré M. Boisclair lors de son passage à New York il y a quelques jours. M. Boisclair se garde disponible pour répondre à d'éventuelles demandes de la commission, a assuré M. Lisée. «Il croit que tout a été fait dans les normes», a-t-il ajouté.  

Québec solidaire reste sceptique. «On entend aujourd'hui les ministres péquistes nous servir les mêmes réponses que les libéraux lorsqu'il est question d'allégations touchant les leurs. C'est la culture du déni qui se poursuit au sein des vieux partis», a réagi Amir Khadir.

Le témoignage de Paul Sauvé avait aussi éclaboussé le libéral Jean-Marc Fournier.