Le vérificateur général étudiera la demande des partis de l'opposition qui souhaitent son intervention afin d'examiner la prochaine mise à jour des finances publiques du gouvernement.

Aucune décision n'a encore été prise et il faudra attendre que la motion adoptée par les partis de l'opposition soit reçue officiellement, a indiqué mardi une responsable au cabinet du vérificateur général, Michel Samson.

«On va prendre le temps d'étudier cette demande pour voir ce qu'on peut faire avec, a dit Lucie Roy. On va regarder l'ampleur des travaux que ça exige. Ça n'a jamais été fait par le passé. M. Samson, dans le fond, va l'accepter, on n'a jamais refusé, de mémoire, de mandat de l'Assemblée nationale et on va voir avec le ministère des Finances comment on va enclencher les travaux.»

Le gouvernement du Parti québécois, minoritaire à l'Assemblée nationale, a voté contre une motion des libéraux qui réclamait l'intervention de M. Samson pour poser un regard extérieur sur les données comptables qui seront présentées cet automne par le ministre des Finances, Nicolas Marceau.

La Coalition avenir Québec et Québec solidaire ont cependant appuyé l'initiative des libéraux, qui ont ainsi réussi à faire adopter leur proposition par l'Assemblée nationale.

Mme Roy a expliqué que le vérificateur peut être interpellé par une motion de la Chambre, même si elle a été adoptée par une majorité de partis de l'opposition.

«Pour nous, présentement, le mandat vient de l'Assemblée nationale», a-t-elle dit.

Lors d'un point de presse, le chef libéral Philippe Couillard a déclaré mardi qu'avec les rumeurs électorales, il est important de disposer d'une évaluation indépendante de l'état actuel des finances publiques et de l'économie au Québec.

«Il appartient maintenant au vérificateur général d'assurer la suite des choses et de donner l'heure juste aux Québécois sur l'état des finances publiques, l'état de l'économie», a-t-il dit.

À ses côtés, le député libéral Pierre Paradis a accusé le gouvernement de manipuler les chiffres.

«Le ministre des Finances, comme tel, a fait des prévisions qui s'avèrent complètement erronées, à un point tel que les revenus de l'État ne sont pas au rendez-vous», a-t-il dit.

Le cabinet du ministre des Finances a indiqué que les fonctionnaires se tiendront à la disposition du vérificateur général si jamais il décide d'exécuter le mandat.

«On n'a rien à cacher, si le vérificateur général décide de se saisir du mandat, il le fera, le gouvernement n'aura pas le choix de collaborer, le vérificateur ne relève pas de nous», a dit l'attachée de presse Mélanie Malenfant.

Mme Malenfant a cependant relevé que cette opération amènerait M. Samson à accomplir des vérifications qu'il n'a jamais faites auparavant sur les prévisions du gouvernement.

«Le vérificateur général peut difficilement qualifier l'intention du gouvernement ou la qualité des prévisions, a-t-elle dit. Ce n'est pas un économiste: comment pourra-t-il juger de l'intention du gouvernement d'atteindre ou non les cibles qu'il s'est fixées ou la capacité de l'économie de se comporter ou non de la façon dont les économistes du ministère lisent les signaux?»

Par ailleurs, M. Couillard a affirmé qu'il étudie la possibilité de proposer, lors de la prochaine campagne électorale, qu'une personne soit chargée de présenter une vision neutre des finances publiques, comme c'est le cas à Ottawa. Il pourrait s'agir d'une nouvelle fonction ou encore d'un élargissement du mandat du vérificateur général.

«On en discute dans le cadre de notre programme de gouvernement et on vous reviendra certainement là-dessus dans les prochaines semaines, si ce qu'on lit dans les journaux est exact», a-t-il dit.