Afin de mieux s'intégrer à la société québécoise, Maka Kotto a renoncé à porter son crâne de panthère à la poitrine, laissant au placard le symbole religieux et ethnique de sa famille, une amulette faite de fragments d'os du grand fauve.

D'origine camerounaise et installé au Québec depuis 1990, le ministre de la Culture a fait cette confidence candide, mardi à l'Assemblée nationale, pour illustrer ses efforts d'intégration dans le Québec contemporain.

Dans le même sens, la charte des valeurs proposée par le gouvernement va établir des règles claires pour amener les nouveaux arrivants à adhérer et à s'adapter au mode de vie de leur société d'accueil, a dit M. Kotto.

«L'idée d'avoir des balises et des règles du jeu vient éclairer la relation avec l'autre. C'est l'avantage pour ceux qui viennent d'ailleurs, en l'occurrence moi-même. Si j'avais l'intention de jouer à la mystique, je pourrais me promener avec mon crâne de panthère sur la poitrine, c'est mon totem familial, mais je ne le fais pas parce que j'adhère à ce qui est convenu d'adopter comme valeurs dans la société d'accueil», a-t-il déclaré en point de presse.

Le ministre a étudié chez les jésuites et se décrit comme un «catholique à tendance chamanique». Il convient que le projet de charte des valeurs est la source de grandes divisions, y compris dans le camp souverainiste où plusieurs voix s'élèvent contre les restrictions et interdits visant les signes religieux.

«Sur cette question, il y a des divisions même au sein du mouvement (souverainiste), c'est un débat qui est lancé et ce à quoi on s'attend, c'est qu'il y ait des échanges rationnels, pas émotionnels. Chacun a le devoir d'apporter sa brique à l'édifice», a-t-il dit.

Député de la circonscription montréalaise de Bourget, le ministre Kotto a pris part aux discussions entourant les orientations de la charte présentée par le ministre responsable Bernard Drainville. Il a indiqué que le gouvernement pourrait apporter des modifications au projet une fois qu'il aura entendu les commentaires des citoyens.

«La proposition sur la table est un projet de charte et ce que nous attendons actuellement, c'est la réaction et les commentaires de la population. Et sur la base de ce que nous allons recevoir, nous allons faire ce que doit», a-t-il déclaré.

Reste que l'objectif fondamental du débat est de «jeter les bases du vivre-ensemble pour le Québec de demain» et à ce chapitre, les immigrants ont aussi une responsabilité, selon le ministre.

«Quand on arrive dans une nouvelle famille, la moindre des choses, c'est de considérer les valeurs de cette famille et d'essayer de s'adapter à cette nouvelle donne», a-t-il souligné.