Aucun député actuel du Parti libéral n'a été rencontré par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Quant à savoir si d'anciens élus ont reçu la visite des policiers, «je ne le sais pas, et je ne veux pas le savoir», a affirmé le chef Philippe Couillard, mardi.

La rentrée parlementaire des libéraux est bousillée par les révélations au sujet des perquisitions de l'UPAC au siège social de leur parti en juillet dans le cadre d'une enquête criminelle. La Presse et Radio-Canada ont déposé une requête auprès de la Cour supérieure pour obtenir les mandats de l'opération qui ont été mis sous scellés.

Philippe Couillard veut «la vérité» et que «la lumière soit faite», mais il refuse de commenter cette enquête policière. Il dit ignorer le contenu des documents perquisitionnés. «Cette enquête sera rendue publique d'une façon ou d'une autre, soit avec la divulgation par mécanisme légal des motifs de la perquisition, soit lorsque des accusations le cas échéant seront portées», a-t-il plaidé.

Sur les documents perquisitionnés, «je n'ai pas de détails, et je n'ai pas demandé beaucoup de détails», a-t-il dit. Au parti, «il y a tellement de boîtes (de documents) que c'est difficile pour moi de savoir ce qu'il y a là-dedans.»

Lorsqu'il a lu dans La Presse que des députés auraient été rencontrés par l'UPAC, M. Couillard a demandé que des vérifications soient faites. La quasi-totalité des députés ont été interrogés jusqu'à maintenant. La conclusion : «Il n'y a pas eu d'interview de l'UPAC auprès des députés du caucus libéral. Il en reste juste quelques-uns à interroger. S'il y a des ajustements, on vous le fera savoir», a ajouté le chef libéral. Il n'a pas précisé qui, au PLQ, a été rencontré par l'UPAC.

Après avoir promis que le PLQ serait un modèle de transparence, Philippe Couillard a dû se défendre de ne pas avoir rendu publiques les perquisitions dès le mois de juillet. Les députés libéraux ont été tenus dans l'ignorance, ce qui irrite Norbert Morin. «Vous avez juste à regarder ma face et vous allez voir que ce n'est pas évident qu'on ne le sache pas. On aurait aimé le savoir», a lancé le député de Côte-du-Sud. Selon lui, c'est une «erreur» de la part de son chef. «Il a droit à l'erreur. Ce n'est pas une erreur grave, mais c'est difficile pour nous, membres du Parti libéral, depuis une éternité», a-t-il laissé tomber. «Rien n'est parfait dans ce monde. Donc il faut pardonner. Des fois, on se dit que c'est une leçon au parti. Si on avait été averti, on aurait été moins surpris.»

Philippe Couillard a répondu que les hautes instances du parti ont une «discussion poussée» à ce sujet. «La police elle-même n'a pas donné de caractère public à cette opération, et on ne veut pas nuire aux enquêtes policières. On s'est dit que de toute façon la chose viendrait publique et qu'on en rendrait compte à ce moment-là. C'est le genre de décisions, comme on dit en anglais, "damn if you do, damn if you don't". Il y a des arguments des deux côtés», a-t-il expliqué, n'exprimant aucun regret. Il a noté que les perquisitions de l'UPAC «ont été faites de façon très visible en général». «Ça n'a pas été le cas» pour le PLQ, «vous leur demanderez pourquoi», a-t-il dit.

Philippe Couillard a affirmé que «personne n'est au-dessus des lois» et que les policiers doivent faire leur travail. «Je ne veux aucun compromis. Je veux la vérité. Je veux que si des personnes ont agi illégalement qu'elles en répondent», a-t-il soutenu.

Le député Pierre Arcand se demande pourquoi les perquisitions ont été révélées maintenant. Il avance une hypothèse à mots couverts. «Pourquoi ça sort à ce stade-ci?», a-t-il d'abord demandé. Alors c'était orchestré? «Je ne sais pas. Il y a beaucoup de stratégies électorales ces temps-ci», a-t-il dit, laissant entendre que le gouvernement aurait manoeuvré en coulisses pour que l'information soit rendue publique.