Le directeur général d'Éduc'alcool, Hubert Sacy, interpelle le ministre de la Sécurité publique du Québec, Stéphane Bergeron, afin qu'une formation au service d'alcool soit inscrite comme obligatoire pour tous les employés de bars et restaurants dans la révision de la Loi sur les permis d'alcool promise pour les semaines à venir.

M. Sacy était accompagné ce matin lors d'un point de presse qui s'est tenu au centre-ville de Montréal de la jeune serveuse de 23 ans, Valérie Couturier, qui aurait vraisemblablement été congédiée du restaurant où elle travaillait, en août, pour avoir empêché un client visiblement ivre de quitter les lieux en conduisant sa voiture. 

« L'invraisemblable saga du congédiement de Valérie Couturier illustre de manière éloquente le niveau de méconnaissance et l'absence de repères dans l'industrie de la restauration de même que le besoin de mieux outiller les serveurs d'alcool et les restaurateurs pour rendre normale et naturelles une telle intervention, pourtant formellement requise par la loi », a expliqué le directeur d'Éduc'alcool, M. Sacy. 

Développé en collaboration avec l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, le programme d'une durée de quatre heures coûte 45 dollars. S'il est présentement facultatif, il s'agirait selon l'organisme d'une mesure « simple, accessible et peu coûteuse » pour réduire les épisodes de conduite avec les facultés affaiblies. 

Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, a indiqué à La Presse que le message avait été entendu, mais a refusé de nous accorder une entrevue sur le sujet.

De son côté, le porte-parole de la Coalition Avenir Québec en matière de Sécurité publique, Jacques Duchesneau, a affirmé « qu'il est grand temps que la société prenne ses responsabilités et s'assure que les personnes qui font de bons choix, comme c'est le cas de Valérie Couturier, soient appuyées. » Il a assuré que sa formation politique voterait en faveur d'une modification de la loi comme l'a proposé ce matin Éduc'alcool.  

Le directeur général d'Éduc'alcool a affirmé que le Parti libéral du Québec l'avait contacté ce matin et que le critique responsable de la Sécurité publique, Robert Poeti, avait donné son soutien à la proposition.

Rappel des faits

Le 16 août dernier, alors qu'elle prenait un verre avec ses amis au restaurant où elle travaille, Valérie Couturier a contacté les policiers pour signaler un homme visiblement ivre qui était sur le point de quitter les lieux avec son véhicule.

Si le client n'a finalement pas démarré sa voiture et a été raccompagné par les policiers jusqu'à son domicile, la jeune serveuse a pour sa part été convoquée par ses patrons, la semaine suivante, qui l'ont congédié. 

Puisqu'elle n'avait pas travaillé deux années consécutives au même restaurant, la Commission des normes du travail n'a pas été en mesure de défendre la jeune serveuse dans ce dossier. 

« Pour ma part, je ne souhaite pas de compensation financière de mon ex-employeur et n'ai aucune rancune à son endroit, pas plus que je ne souhaite être réintégrée dans ce milieu de travail qui me serait vraisemblablement hostile. Ce que je veux, et c'est ce qui compte le plus pour moi, c'est éviter que pareille situation ne se reproduise. J'ai l'assurance que rendre obligatoire le cours développé par Éduc'alcool et l'ITHQ ferait toute la différence », a dit Valérie Couturier.

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LA FORMATION

Le cours, qui a été suivi jusqu'à ce jour par 9% des serveurs et tenanciers de bars du Québec, est divisé en quatre parties.

1) Expliquer les lois existantes;

2) Analyser les effets de l'alcool sur le corps humain;

3) Développer des stratégies d'intervention pour repérer les grands buveurs;

4) Faciliter les ententes avec des compagnies de taxi ou de raccompagnement.