Après l'éducationl'intégrité, et le développement économique généré par le projet Saint-Laurent, la Coalition avenir Québec (CAQ) veut aussi insister sur une autre priorité: baisser les taxes.

La CAQ stagne à 20% dans les sondages depuis son élection. À la dernière campagne électorale, elle proposait une baisse du fardeau fiscal de 1000 dollars pour les familles. Dans son discours à l'ouverture du caucus de pré-session, le chef François Legault a insisté sur ce sujet tangible qui touche particulièrement les «familles et la classe moyenne». «Les familles étouffent sous les charges fiscales et les hausses de tarifs», a-t-il dénoncé.

Il a lancé un groupe de travail qui présentera en novembre des propositions pour «réduire les taxes sans augmenter les impôts». Le groupe sera formé de membres du parti et du professeur aux HEC Jacques Nantel.

En conférence de presse, MM. Legault et Dubé ont seulement mentionné la taxe santé. Ils n'excluent pas de proposer de baisser une autre taxe, sans vouloir pour l'instant donner un exemple. Le groupe de travail mènera cette réflexion.

Difficile équilibre budgétaire

À la dernière campagne électorale, la CAQ proposait d'augmenter l'impôt sur le gain en capital et les dividendes. On aurait ainsi demandé plus aux propriétaires de PME ou aux retraités qui vivent de leurs épargnes. La CAQ abandonne cette idée.

Sais miser sur ces revenus, elle tient par contre encore fermement au déficit zéro, qui est un défi de taille pour le gouvernement péquiste.

Le manque à gagner dans les revenus autonomes de l'État, générés par les taxes et impôts, s'élève à  environ 1 milliard de dollars. Dans l'ensemble, le gouvernement devra encore aller chercher au moins 600 millions dans les prochains mois pour équilibrer le budget.

M. Legault croit qu'il est possible de diminuer les taxes pour deux raisons. Il adhère à la théorie selon laquelle on stimulera ainsi la consommation et augmentera la croissance économique. Et il voudrait en contrepartie couper davantage dans la «bureaucratie». 

À la dernière campagne, la CAQ proposait de dégager 453 millions en 2013-14, et de couper ensuite davantage chaque année, pour dégager 2,1 milliards en 2017-18. Ces économies proviendraient essentiellement de l'abolition de 4000 postes chez Hydro-Québec (le gouvernement péquiste en abolira 2000), de coupures dans les agences de santé et les commission scolaires, et d'un nouveau mode de rémunération pour les pharmaciens.

M. Legault n'a pas dit s'il serait encore capable de dégager autant d'argent pour financer ses baisses de taxe. Ni si ces baisses seraient possibles malgré la baisse des revenus autonomes de l'État.  

En campagne électorale, la CAQ calculait que ces revenus étaient sous estimés. Mais c'est le contraire qu'on observe depuis quelques mois sous le gouvernement péquiste.

«Vous avez devant vous deux comptables», a dit M. Legault, qui promet que Christian Dubé et lui sauront faire «balancer les chiffres». Et il y tient. À quelle condition pourrait-on reporter l'équilibre budgétaire? «Aucune», a-t-il répondu.

Manque de courage

Ce n'est pas la première fois qu'un politicien fait cette promesse, a reconnu M. Legault. Jean Charest en avait fait une promesse phare en 2003, avant de la renier. Et Pauline Marois avait promis de baisser la taxe santé aux dernières élections, avant de décider une fois au pouvoir de la rendre progressive, et de l'éliminer ainsi seulement pour ceux qui gagnent moins de 18 000 dollars.

«On ne fera pas de fausse promesse», a lancé le député Christian Dubé, qui préside le groupe de travail. Son chef a quant à lui dénoncer le «manque de courage» des «vieux partis» qui cèderaient devant les syndicats, qui protégeraient la bureaucratie, et le patronat, qui protégerait ses crédits d'impôt trop souvent inefficaces.