La mise en application de la future charte québécoise des valeurs promet d'être complexe. C'est ce qu'avance le doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, Gilles Routhier.

Selon lui, si le gouvernement du Québec prend bel et bien la décision d'interdire à certains employés qui sont en position d'autorité dans le secteur public de porter des signes religieux comme le proposait notamment le rapport de la commission Bouchard-Taylor, il n'y aurait pas pour autant de garantie de laïcité de l'État.

Il soutient que ce n'est pas parce qu'un travailleur n'affiche pas de manière évidente sa foi qu'il prendra nécessairement des décisions impartiales.

Il ajoute qu'un employé du secteur public pourrait fort bien porter, par exemple un turban, et être, tout de même, dénué de parti pris parce qu'il ne trancherait pas en fonction de ses convictions ou encore de celles de la personne qu'il aurait à desservir.

D'après l'expert, «ce ne sera jamais simple de montrer la neutralité de l'État», car, pour la vérifier, il faudrait pouvoir répondre à une question fondamentale: «est-ce que les jugements portés par ceux qui représentent l'État sont neutres?»

Or, Gilles Routhier pense que c'est «pratiquement impossible d'établir une règle» permettant une évaluation systématique de ces décisions.

En dépit de cet obstacle, M. Routhier espère que les politiciens provinciaux seront en mesure de s'en tenir à des échanges constructifs sur la future charte des valeurs.

Il souhaite les voir se livrer à un débat «sur le fond de la question» qui ne serait pas guidé par de simples «calculs».

«C'est une question importante.  Il ne faut pas l'instrumentaliser à des fins politiques et partisanes», conclut-il.