Loin d'être un facteur de division entre Québécois de toutes origines, la future charte des valeurs fera consensus dans la population et deviendra un élément fort d'unité, comme c'est le cas pour la loi 101, prédit la première ministre Pauline Marois.

C'était la première fois, dimanche, que la première ministre parlait publiquement de son projet de charte, depuis que le débat a été relancé cette semaine, à quelques jours du dépôt attendu des grandes orientations du gouvernement en matière de neutralité religieuse de l'État, préambule à la présentation d'un projet de loi cet automne.

Avant même d'être rendu public, le projet de charte des valeurs québécoises, qui devait être au départ une charte de la laïcité, sème la controverse.

Devant quelques centaines de jeunes péquistes, réunis tout le week-end à l'Université Laval pour discuter de souveraineté, Mme Marois a tenté de se faire rassurante, tout en se montrant inflexible sur l'objectif poursuivi par son gouvernement. Le projet péquiste consiste notamment à bannir le port de signes religieux ostentatoires chez tous les employés de l'État.

«Je vous assure qu'on va aller de l'avant», a-t-elle promis à son jeune public, en disant espérer, malgré tout, un débat serein et respectueux autour de cette question potentiellement explosive.

«(La future charte) va devenir, j'en suis certaine, un élément fort d'unité entre les Québécois comme c'est le cas pour la loi 101, qui nous a réunis plutôt que nous diviser» sur la protection du français, selon elle.

Au contraire, ce qui divise les Québécois, c'est «l'absence de règles claires» en la matière, selon Mme Marois, qui a refusé de répondre aux questions des journalistes avant ou après son discours.

D'où l'importance de proclamer haut et fort «une bonne fois pour toutes» la neutralité religieuse totale de l'État et l'affirmation sans équivoque de l'égalité entre hommes et femmes.

Il s'agit de dire à la face du monde, et à tous ceux qui choisissent de venir vivre au Québec, qu'il s'agit là de principes parmi les plus précieux aux yeux des Québécois, a-t-elle fait valoir.

Mme Marois a estimé que la future charte, pilotée par le ministre des Institutions démocratiques Bernard Drainville, n'était en fait que l'aboutissement d'un lent processus de déconfessionnalisation des institutions, dont les commissions scolaires, amorcé il y a un demi-siècle au Québec.

La chef du Parti québécois a plaidé en faveur de la souveraineté du Québec, exhortant les jeunes militants du parti à s'impliquer davantage et à convaincre les indécis.

«Allez parler de ce qui s'en vient! Allez parler de ce qui nous reste à réaliser et plus particulièrement de notre projet de pays. Portez-le bien haut! Portez-le avec fierté! À votre tour maintenant de convaincre, de recruter», a-t-elle dit.

À l'intention du chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, Mme Marois a dit qu'il devait cesser de jouer les «gérants d'estrade». Elle lui demande de devenir député à l'Assemblée nationale et chef de l'opposition officielle au plus tôt, en se présentant dans la circonscription de Viau, où une élection complémentaire pourrait être déclenchée dès cette semaine. M. Couillard a annoncé son intention de se présenter plutôt dans Roberval aux élections générales.