Les jeunes libéraux mettent sur la table les premiers détails de la «réforme majeure de la fiscalité» promise par le chef Philippe Couillard. Ils proposent une baisse d'impôt pour les familles à revenus modestes qui sont pénalisées par le régime fiscal actuel.

C'est l'une des 29 propositions qui seront débattues cette fin de semaine lors du congrès de la Commission-Jeunesse du Parti libéral, à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec. L'événement, qui se déroule sous le thème de la justice sociale, laisse apparaître un certain repositionnement vers la gauche de l'échiquier politique.

Après des congrès souvent axés sur le développement économique, «c'est un sujet [la justice sociale] qu'on avait envie de remettre à l'avant-plan, pas parce qu'on l'avait éclipsé, mais véritablement parce que ça n'avait pas été explicité aussi clairement. Et pour nous, c'est une priorité d'en parler», a expliqué la présidente de la commission, Madwa-Nika Cadet, en conférence de presse, jeudi.

«Réforme de la fiscalité»

Elle a reconnu que certaines propositions «s'inscrivent» dans la démarche du chef, qui revoit actuellement le programme du parti. Lors de la course à la direction, Philippe Couillard a promis une «réforme majeure de la fiscalité» sans fournir plus de détails. On profitera du congrès des jeunes libéraux pour mettre un peu de chair autour de l'os.

La Commission-Jeunesse propose ainsi d'éliminer les pénalités qui sont parfois imposées aux travailleurs ayant un revenu correspondant au seuil de faible revenu, voire inférieur. Une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques a démontré que beaucoup de familles, souvent à revenus modestes, ont un taux effectif d'imposition marginal d'imposition qui dépasse 75% lorsque leur revenu atteint un certain seuil. C'est à ce taux que les libéraux veulent s'attaquer.

Par exemple, une monoparentale qui a deux enfants et qui gagne 32 552$ par année paie 3668$ en impôts et 2045$ en cotisations sociales, alors qu'elle reçoit 10 891$ en prestations gouvernementales diverses. Mais si son revenu augmente de 397$, il ne lui restera que 86$ dans ses poches. Elle sera privée des 311 autres dollars, car elle paiera plus d'impôts et de cotisations tout en subissant également une baisse importante de ses prestations gouvernementales. Il n'est pas rentable de travailler plus ou de gagner un meilleur salaire dans son cas, puisque son taux effectif d'imposition marginal atteint alors 79%. Rappelons que le taux d'impôt des plus riches est de 49,97%.

Une étude du Centre inter-universitaire sur le risque, les politiques économiques et l'emploi a démontré que 11,5% des ménages québécois ont eu, pour l'année 2002, un taux effectif marginal d'imposition supérieur à 60%.

«On veut qu'ils aient moins d'impôt à payer» et ainsi les inciter à accéder au marché du travail sans être pénalisés», a affirmé Mme Cadet. Elle n'a toutefois pas chiffré le coût de cette réduction d'impôt ni expliqué comment elle serait financée.

La Commission-Jeunesse propose d'ailleurs la création de plusieurs nouveaux crédits d'impôt et d'autres mesures de toute évidence coûteuses au moment où les finances publiques sont précaires. «On croit qu'un gouvernement libéral est en mesure d'assurer la croissance économique, et c'est en ayant plus de revenus qu'on pense qu'il est possible d'appliquer plusieurs des mesures», a plaidé sa présidente.