La première ministre Pauline Marois a eu l'occasion jeudi de rencontrer le président du Mexique, Enrique Pena Nieto, avec qui elle n'a cependant pas parlé de son projet souverainiste.

La rencontre de Mme Marois avec M. Pena Nieto s'est ajoutée à la dernière minute, en fin d'avant-midi, à l'agenda de la première ministre, en mission économique au Mexique depuis mercredi.

La première ministre avait sollicité ce rendez-vous, confirmé à la suite d'une réunion au secrétariat aux Relations extérieures, jeudi matin, dans la capitale fédérale mexicaine.

Au palais présidentiel de Los Pinos, Mme Marois et M. Pena Nieto ont ensuite échangé ensemble pendant 45 minutes à propos de leurs intentions concernant l'intensification des échanges commerciaux et économiques entre le Mexique et le Québec.

La rencontre privée s'est déroulée dans un salon où les deux politiciens se sont assis sur des chaises disposées devant les drapeaux du Canada et du Mexique.

Lors d'un point de presse qui a suivi, à l'hôtel qui accueille la délégation québécoise, Mme Marois a indiqué qu'elle n'a pas discuté de souveraineté avec le président mexicain.

Mme Marois a affirmé que cette invitation de M. Pena Nieto s'adressait à la première ministre du Québec, dont les convictions souverainistes sont cependant indissociables de sa fonction.

«Je suis les deux à la fois, alors on ne peut pas me dissocier l'une de l'autre, mais c'est la première ministre du Québec qu'il a souhaité rencontrer. J'ai souhaité rencontrer le président du Mexique. (...) Je n'ai pas parlé de souveraineté, mais j'ai indiqué au président qu'évidemment le Québec avait des compétences qui lui étaient propres et que je souhaitais bien continuer à agir sur le front de ces compétences.»

Mme Marois ne s'est pas formalisée de la présence de l'ambassadrice canadienne, Sara Hradecky, au palais présidentiel.

«Nous n'avons jamais manifesté d'opposition au fait que l'ambassadrice soit là, a-t-elle dit. Elle était là ce matin à une rencontre que j'ai eue avec le secrétaire des affaires extérieures, elle s'est faite très discrète de telle sorte que j'ai pu échanger sans entrave ou sans contrainte avec le président, comme avec le secrétaire des affaires extérieures.»

Mme Hradecky était présente aussi lors d'une rencontre de Mme Marois, jeudi matin, avec le secrétaire des Relations extérieures du Mexique, José Antonio Meade.

En 2004, lors d'une mission économique conjointe avec la France en sol mexicain, l'ex-premier ministre libéral Jean Charest avait rencontré le président du Mexique Vicente Fox, en compagnie de l'ambassadeur du Mexique Gaëtan Lavertu. Quatre ans plus tard, M. Charest a ensuite croisé le successeur de M. Fox, Felipe Calderon, lors d'un dîner à New York en marge de l'assemblée générale des Nations unies.

M. Calderon s'était aussi entretenu avec M. Charest en mai 2010, lors d'un passage à Montréal, peu après la décision d'Ottawa d'imposer des visas aux ressortissants mexicains.

Jeudi, dans un discours prononcé devant un public d'environ 350 personnes, essentiellement du monde des affaires, Mme Marois a évoqué l'orientation souverainiste de son gouvernement, en prenant soin d'ajouter que cette option ne fait pas l'unanimité au Québec.

«Comme plusieurs d'entre vous le savent, je dirige un gouvernement qui souhaite que le Québec devienne un pays souverain, a-t-elle dit. Mais quelles que soient nos opinions, les Québécois sont tous unis autour de notre volonté de tisser des liens avec le monde entier.»

Reprenant une position défendue par M. Charest, Mme Marois a aussi évoqué la décision d'Ottawa sur les visas, une mesure adoptée en réaction à la hausse du nombre de demandeurs du statut de réfugié.

«Si ce n'était que du Québec, aucun obstacle de nature consulaire ne viendrait freiner la volonté des Mexicains de nous visiter», a-t-elle dit.

Continuant à prendre ses distances d'Ottawa, la première ministre a souligné que le Québec se distingue du Canada par son engagement envers la lutte aux changements climatiques.

Mme Marois a aussi fait la promotion du retour à l'équilibre budgétaire, un objectif qui sera atteint à la fin de l'exercice en cours, ainsi que des investissements massifs en infrastructures, amorcés par les libéraux qui l'ont précédée.

«Il n'y a pas de mauvaise surprise à attendre du côté de nos finances publiques, a-t-elle dit. (...) Avec des investissements publics de près de 10 milliards $ par année (depuis 10 ans), soit près de 3 pour cent de notre PIB, vous constaterez que nous sommes loin d'une politique d'austérité.»

Mme Marois est arrivée mercredi soir dans la capitale fédérale mexicaine, après une première étape dans la deuxième ville du pays, Guadalajara.

La première ministre dirige une délégation de 56 entreprises. Une vingtaine du secteur de la recherche, des affaires ainsi que des universités sont aussi du voyage, qui se terminera samedi.