Le gouvernement Marois refuse de chiffrer le coût de la grève dans la construction pour l'économie québécoise. Il ne veut pas non plus en aborder les contrecoups sur son objectif de retour à l'équilibre budgétaire cette année.

Mardi, à l'entrée d'une réunion du conseil des ministres, la responsable de la Politique industrielle, Élaine Zakaïb, a affirmé que Québec n'a fait jusqu'ici aucune estimation des répercussions de la grève qui, pour certains secteurs, en est à sa neuvième journée. « On n'a pas l'évaluation », a-t-elle dit. Un membre du cabinet de la ministre du Travail, Agnès Maltais, a indiqué que « probablement quelqu'un quelque part dans un ministère » a fait une évaluation, mais que, s'il y en a une, il ne l'a pas vue.

« Je ne veux pas embarquer dans la question de l'impact. Une fois que ce sera derrière nous, on en reparlera », a affirmé de son côté le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Il prévoit un « post-mortem » sur le sujet lorsque le conflit sera réglé. Il a balayé les questions lui demandant si le retour à l'équilibre budgétaire est menacé. « Pour l'instant, ce que je souhaite évidemment, c'est que ça se conclut le plus rapidement possible. Une entente négociée est de loin supérieure à toute entente qui pourrait être imposée », a-t-il affirmé. Québec fait valoir qu'une loi spéciale entraînerait une baisse de la productivité sur les chantiers qui serait plus coûteuse que la grève.

Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec estiment que le Québec « perd un milliard de dollars par semaine » en raison du débrayage.

« Ce sont des chiffres qui sortent de nulle part », a répliqué la ministre Élaine Zakaïb. « C'est sûr qu'il y a un impact, il y a toujours un impact. Maintenant, il n'est pas évalué. (...) On sera en mesure de le quantifier plus tard. »

Elle a ajouté que la grève « ne coûte rien à l'État » dans la mesure où « on ne dépense pas » car les chantiers sont paralysés. Notons que l'État n'engrange pas de revenus non plus, puisqu'il est privé de l'impôt d'une centaine de milliers de travailleurs.

Lundi, la première ministre Pauline Marois a nommé un médiateur spécial, l'ancien sous-ministre au Travail Normand Gauthier, pour dénouer l'impasse dans les négociations entre patrons et syndiqués du secteur industriel, commercial et institutionnel. Elle a repoussé à ce weekend ou à la semaine prochaine le recours à une loi spéciale. M. Gauthier doit rencontrer les parties tour à tour mardi.

Rappelons que quelque 40 000 des 175 000 syndiqués sont rentrés au travail mardi à la suite d'une entente dans le secteur du génie civil et de la voirie. Les négociations se poursuivent dans le secteur résidentiel.