L'échec du gouvernement Marois à mettre en place sa Banque de développement économique a fait une victime. Jacques Daoust, président d'Investissement Québec, a été limogé vendredi, six mois avant la fin de son mandat, a pu confirmer La Presse.

Il devait retrouver son patron, le titulaire des Finances Nicolas Marceau, au Bourget, le salon de l'industrie aéronautique qui se tient tous les deux ans près de Paris. M. Daoust n'est pas parti. Son remplacement sera annoncé mercredi, à l'issue d'un Conseil des ministres extraordinaire qui doit durer toute la journée.

On a choisi Mario Albert, fonctionnaire de carrière, ex-sous-ministre aux Finances, qui préside depuis l'an dernier l'Autorité des marchés financiers. Tant aux Finances qu'à l'Autorité des marchés financiers, M. Albert avait travaillé sous la direction du secrétaire général du gouvernement, Jean Saint-Gelais - le numéro un des fonctionnaires.

Déjà, il y a un mois, le gouvernement Marois a lancé des rumeurs pour déstabiliser Jacques Daoust. Il devait retrouver Denis Coderre à son lancement de campagne, le 16 mai, pour devenir éventuellement le directeur de la Ville de Montréal - ce qui n'est jamais arrivé.

M. Daoust avait consenti à l'embauche d'un proche de Pauline Marois, Pascal Monette, nommé à plus de 200 000$ comme vice-président aux communications. Il remplaçait Michel Guitard, issu quant à lui du sérail libéral.

L'atterrissage d'un autre proche de Mme Marois, Jean-Yves Duthel, nommé à Munich par Investissement Québec, a été bien plus problématique - Investissement Québec s'est en effet retrouvé sur la sellette.

Hier, le cabinet de la ministre du Développement économique a refusé de confirmer le départ de M. Daoust, relayant la demande d'information au ministère du Conseil exécutif, qui n'a pas rappelé La Presse. Quant au remplacement de M. Daoust, il s'agira «d'une décision du Conseil des ministres» et pas de la ministre Élaine Zakaïb, a indiqué son attachée de presse.

Mandat avorté

Investissement Québec devait servir d'ossature à la Banque de développement économique, une promesse de Mme Marois en campagne électorale, mais qui a été passée à la trappe par les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale. Il était déjà clair que le mandat de M. Daoust, nommé par le gouvernement Charest, ne serait pas renouvelé en décembre. Mais si tôt, le geste du gouvernement étonne.

Du même souffle, on annoncera mercredi que le mandat du président du conseil d'administration d'Investissement Québec, l'ex-sénateur Jean Bazin, est terminé.

Après une carrière de 30 ans dans le milieu bancaire, aux ressources humaines à la Banque Laurentienne et à la Banque Nationale, Jacques Daoust a été nommé en 2006 à la tête d'Investissement Québec. Il a réussi, sans controverse, la fusion avec la Société générale de financement en 2010, source d'économies de 15 millions - accompagnées d'une réduction de 100 postes.