Le gouvernement Marois accuse Ottawa de retarder des projets et de nuire au développement économique du Québec en refusant de lui transférer en bloc sa part des investissements prévus au nouveau programme fédéral des infrastructures, qui commencera en 2014.

Comme La Presse l'a révélé jeudi, le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, a écrit au ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, pour lui annoncer qu'il rejette sa demande.

« C'est une mauvaise décision de leur part. Les transferts en bloc, ça permet de réduire la bureaucratie, de réduire les délais, et ça fait en sorte que les projets se réalisent rapidement à l'avantage des Québécois, des municipalités aussi. [La décision du fédéral] ralentit la mise en oeuvre de projets d'un an ou deux ans», a réagi M. Marceau à l'entrée d'une réunion du caucus péquiste.

Pour son collègue des Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, « c'est une autre situation d'ingérence du fédéral dans nos champs de compétence, car les municipalités sont de compétence du Québec ».

« Le gouvernement fédéral met des bâtons dans les roues pour le développement économique du Québec en nous obligeant à négocier des ententes qui n'en finissent plus », a-t-il ajouté.

Les deux ministres rappellent que le gouvernement Charest avait demandé lui aussi, en vain, un transfert en bloc des quatre milliards destinés au Québec et prévus dans le programme fédéral pour la période 2007-2014. À l'époque, le Parti québécois blâmait les libéraux pour avoir échoué à obtenir gain de cause.

Nicolas Marceau a rappelé qu'il aura fallu 17 mois pour qu'une entente-cadre soit conclue, en 2008. «Cette entente-cadre n'avait même pas réglé le cas de tous les projets, il fallait au surplus, par-dessus ça, ajouter des ententes spécifiques. On trouve ça extrêmement lourd », a-t-il dit. Une vingtaine d'ententes spécifiques avaient été nécessaires uniquement pour l'un des volets du programme.

Le gouvernement Marois ne baisse pas les bras et entend relancer le fédéral pour obtenir un transfert en bloc. Il se défend d'être incapable de faire mieux que le gouvernement Charest face au fédéral. « Après neuf mois, je ne pense pas que vous pouvez porter un jugement éclairé. On verra au bout de quelques années ce que ça donne. Le dossier n'est pas conclu, on jugera », a soutenu Nicolas Marceau.

Dans son dernier budget, le gouvernement Harper s'est engagé à investir 53 milliards dans le programme Chantiers Canada sur une période de 10 ans. De cette somme, 10 milliards serviront à financer les priorités des provinces en matière d'infrastructures. Ce volet comprendra un financement de base pour chaque province et territoire. En principe, le Québec devrait toucher environ le quart de cette somme.

Une autre tranche de 22 milliards, puisée à même le Fonds de la taxe sur l'essence, sera indexée et sera mise à la disposition des municipalités pour les infrastructures.

Avec Joël-Denis Bellavance