L'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) part en croisade contre la ministre de la Famille, Nicole Léger, qui a imposé des compressions de 14,9 millions $ aux garderies privées subventionnées.

En point de presse à la sortie de l'assemblée générale de l'AGPQ, qui se tenait mardi à Montréal, le président Sylvain Lévesque a d'entrée de jeu réclamé la démission de la ministre.

«On ne peut plus travailler dans un contexte comme celui-là. C'est un gouvernement minoritaire et regardez comment il traite les gens», a-t-il lancé.

Dans son bras de fer contre le gouvernement Marois, l'AGPQ s'est dotée d'une kyrielle de moyens de pression.

L'Association adoptera la politique de la chaise vide dans une série de comités gouvernementaux sur lesquels elle siège habituellement.

Le seul comité auquel l'Association consent à collaborer est celui visant à développer les nouvelles places subventionnées à 7 $. «Il y a 2200 places qui doivent aller dans notre réseau et on ne veut pas les perdre», convient M. Lévesque.

L'AGPQ demandera également aux parents de garder leurs enfants à la maison lors de certaines journées ciblées.

Une telle expérience s'était avérée concluante la semaine dernière, a fait valoir M. Lévesque, alors que 80 pour cent des parents avaient respecté le mot d'ordre.

Une preuve, selon lui, que les parents sont solidaires de la lutte menée par l'AGPQ contre les coupes budgétaires du gouvernement Marois.

«Ils ne veulent pas de baisse de qualité dans notre réseau. Ils disent : «Mon enfant, ce n'est pas un enfant de deuxième classe et mon éducatrice, je l'aime, et elle est aussi compétente, sinon meilleure, que l'éducatrice du CPE», a lancé, visiblement furieux, M. Lévesque.

Les garderies membres de l'AGPQ procéderont également à une diminution des services offerts, notamment au niveau des aides-éducatrices et des services spécialisés.

Sylvain Lévesque croit que le gouvernement Marois ne cherche qu'à «nationaliser» le réseau québécois de garderies.

«On est en train de s'occuper de l'avenir de demain et on se fait décourager de le faire parce qu'on est la petite méchante entreprise privée, estime M. Lévesque. C'est très idéologique ce qui se passe là. Ça commence dans les garderies, ça va finir ailleurs.»

En point de presse à Québec, la ministre Nicole Léger n'a pas manqué de rappeler son interlocuteur à l'ordre. «Les insultes et le ton qu'emploie M. Lévesque n'apportent absolument rien à la situation», a-t-elle soutenu.

La ministre Léger prévient qu'elle n'acceptera pas que les parents soient pris en otage par des journées de débrayage.

«Les parents n'ont pas à être pénalisés. Les parents doivent avoir des services», a-t-elle martelé.

«Il y a un effort budgétaire qui doit se faire pour l'ensemble du réseau, ça n'appartient pas juste aux centres de la petite enfance (CPE), mais aussi aux garderies privées subventionnées à la hauteur de 436 millions $ par année», a ajouté Mme Léger.

Lundi, la ministre avait annoncé qu'elle irait de l'avant avec les ponctions budgétaires de 14,9 millions $ après trois mois de négociations qui n'ont pas abouti avec l'AGPQ et le Regroupement des garderies privées du Québec (RGPQ).

Une entente était intervenue, il y a quelques semaines, avec le réseau public des CPE, dont les budgets ont été amputés de 31,1 millions $.