La prochaine politique québécoise des transports collectifs favorisera le développement des services d'autobus, de préférence aux «modes lourds» comme le train ou le métro, qui coûtent plus cher et prennent beaucoup plus de temps à se concrétiser.

Dans un document rendu public mardi par le ministre des Transports du Québec, Sylvain Gaudreault, le gouvernement préconise aussi de «mettre de l'avant des stratégies de gestion de la demande pour réduire les problèmes de congestion routière» à l'échelle de chacune des régions métropolitaines du Québec.

Ces mesures viseront à influencer le mode de déplacement, l'itinéraire et le moment où les gens choisissent de se déplacer, en voiture ou en transports en commun, dans les grands centres urbains. Le mot «péage» n'apparaît nulle part dans le document de 60 pages, et la nature des mesures encouragées reste très vague.

En revanche, l'intention de Québec de favoriser le déploiement de services d'autobus rapides apparaît plus clairement dans ses orientations: «Le gouvernement souhaite réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre. Il faudra améliorer et développer rapidement les services, en cohérence avec l'aménagement du territoire».

«Le développement des modes lourds exige des sommes très importantes et impose des délais de réalisation plus longs que le développement des services par autobus. Il offre moins de flexibilité pour ajuster les services aux besoins des usagers. Rappelons qu'en cinq ans, la première Politique a permis de rehausser l'offre de service en transport en commun de 23% et l'achalandage de 11%.»

«Cette augmentation de l'offre, conclut le document, a été faite principalement sur le réseau d'autobus.»

Démarche ouverte

Ce document a été publié en vue d'une consultation éclair qui se tiendra sous forme de rencontres et d'échanges à Longueuil jeudi et vendredi prochains et à Québec les 27 et 28 mai. Ces rencontres permettront au ministre Gaudreault de prendre le pouls des acteurs principaux des transports collectifs avant le dépôt d'une nouvelle Politique québécoise de mobilité durable (PQMD), dont l'adoption est prévue d'ici la fin de l'année.

Cette politique propose «de planifier, développer et de gérer de manière intégrée les diverses composantes du système de transport, de miser sur la gestion de la demande et de développer le transport en commun, les modes actifs, le covoiturage et l'autopartage».

Le document de consultation est toutefois assez avare de détails quant aux moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir, à la provenance des budgets requis ou au partage de la facture pour maintenir et développer les réseaux actuels.

À l'Association du transport urbain du Québec (ATUQ), qui regroupe les neuf plus importantes sociétés de transports en commun, la directrice générale France Vézina souligne que dans son document, le gouvernement «affirme très clairement sa volonté d'améliorer et de développer les transports en commun».

«Mais si on n'a pas plus d'argent, si on n'a pas de nouvelles sources de financement, ajoute-t-elle, je ne sais pas comment cette politique pourra se traduire en gestes concrets.»

«Tout est sur la table»

Christian Savard, directeur général de Vivre en ville et porte-parole de Transit, l'alliance pour les transports collectifs, n'a pas voulu s'étendre sur le contenu du document de consultation, «qui est très ouvert. Tout est sur la table».

«Nous avons surtout l'intention de rappeler au ministre que les attentes sont grandes envers cette politique, dit M. Savard. Après deux ans de retard, il faut espérer que cette fois sera la bonne, mais surtout, qu'on proposera, l'automne prochain, une politique ambitieuse, et des ressources à la hauteur de ces ambitions.»

Le président de l'association d'usagers Transports 2000 Québec, Pierre Cardinal, a souligné pour sa part que «dans la première phrase de sa présentation, le ministre affirme que l'usager des transports en commun sera au coeur de cette nouvelle politique».

«C'est bien d'être au coeur de la politique, dit-il, mais nous apprécierions surtout que la politique fasse en sorte que l'usager sera au coeur des actions et des gestes concrets qui seront mis de l'avant pour la mettre en oeuvre.»