La ministre de la Famille, Nicole Léger, imposera des sanctions de 3750 dollars aux garderies privées si elles vont de l'avant avec une grève le 22 mai pour protester contre les compressions budgétaires. Les pénalités seront plus salées si elles tiennent leur deuxième journée de grève, prévue le 30 mai.

« Jamais je ne tolérerai que les parents soient pris en otage par leurs moyens de pression », a lancé Mme Léger en conférence de presse, jeudi. « Je les avise que des sanctions s'appliqueront si elles mettent leur menace à exécution. »

Elle a envoyé une lettre aux garderies privées subventionnées pour les informer de ces sanctions. C'est la première fois que Québec a recours à cette mesure.

Une garderie perdra la subvention du gouvernement si elle ferme ses portes le 19 mai. On parle en moyenne de 2500 dollars. Québec ajoutera une sanction équivalente à 50% de cette subvention, c'est-à-dire 1250 dollars. Cette sanction sera de 75% s'il y a une deuxième journée de grève, puis 100% s'il y en a une troisième.

L'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) a déjà annoncé deux jours de grève, les 22 et 30 mai. Elle a le mandat d'en tenir trois autres. « Je n'accepterai pas que les parents et les enfants fassent les frais de leur entêtement », a martelé Nicole Léger.

L'AGPQ s'oppose aux compressions de 15 millions de dollars. Elle a proposé que Québec récolte cette somme autrement, c'est-à-dire en réduisant la part des places qui seront attribuées aux centres de la petite enfance dans l'appel de projets en cours. L'AGPQ estime que le gouvernement fera des économies en ouvrant plus de places dans les garderies privées puisqu'il ne paie pas pour leurs immobilisations.

Pour Nicole Léger, cette proposition est « insensée ». Elle a fait valoir que les immobilisations des CPE sont amorties sur 25 ans.

Selon elle, le gouvernement a déjà fait d'importantes concessions. Les coupes ont été réduites de 18 à 15 millions. La ministre a cherché à minimiser l'effort demandé en disant que les 600 garderies privées ont cumulé des bénéfices de 160 millions de dollars. Elle a ajouté que les bénéfices d'une garderie sont en moyenne de 100 000 dollars par année, alors que les compressions représentent 21 000 dollars.

Nicole Léger a déjà conclu une entente avec les CPE au sujet des compressions. Elle se contente de piger 31 millions dans les surplus d'un CPE sur cinq, c'est-à-dire ceux qui en ont le plus. Québec voulait au départ imposer des coupes de 38 millions à l'ensemble des CPE. Rappelons que leurs surplus accumulés atteignent 222 millions de dollars.

Les garderies privées doivent être « raisonnables » et contribuer elles aussi à « l'effort budgétaire », a dit Mme Léger