Pour sauver sa réforme de la Charte de la langue française, le gouvernement péquiste minoritaire tend la main à la Coalition avenir Québec (CAQ).

La CAQ doit décider cet après-midi en caucus si elle bloque l'étude détaillée du projet de loi 14, qui doit renforcer la Loi 101. À la dernière minute, la ministre responsable Diane De Courcy a répondu en partie aux trois conditions sine qua non des caquistes.

«On nettoie l'ardoise pour aller à l'essentiel, la langue de travail», a-t-elle lancé en point de presse.

Mme De Courcy renonce à retirer aux enfants de militaires francophones le droit de s'inscrire à l'école publique anglaise. «Ça ne m'apparaît pas le bon moment», note-t-elle. Ce droit acquis, qui est devenu selon elle une forme d'école passerelle, sera remis en question dans un futur projet de loi, qui visera à abolir l'ensemble des écoles passerelles. Des caquistes comme Gérard Deltell et Éric Caire, députés de circonscriptions où habitent des élèves de ces écoles, s'opposaient férocement à cette mesure.

Autre concession: le statut bilingue qui devait être retiré aux municipalités qui comptent moins de 50% d'anglophones. La CAQ s'y oppose. Mme De Courcy propose maintenant d'examiner d'autres solutions. Parmi elles: «jauger le pouvoir du ministère avec ce qui est délégué aux municipalités», pour leur donner plus d'autonomie. Elle ne veut pas détailler davantage pour l'instant.

La langue de travail constitue la principale menace au français, selon le Conseil supérieur de la langue française. C'est le coeur du projet de loi 14. Mme De Courcy veut assujettir les entreprises de 26 à 49 entreprises à la Charte de la langue française. Mais pour répondre à la dernière demande de la CAQ, elle pourrait en assouplir l'application. «On a une ouverture d'esprit sur le comment», dit-elle. «En commission parlementaire, le milieu des affaires a dit: on n'est pas d'accord avec le projet de loi, mais si jamais vous l'adoptez, voici une série de recommandations», a-t-elle ajouté. Au total, le patronat et les syndicats ont formulé 93 recommandations. Ne pas les examiner sérieusement, ce serait «insulter les gens qui ont fait».

La ministre insiste qu'elle poursuit ainsi le dialogue avec les quelque 76 groupes qui ont déposé un mémoire en commission parlementaire. «ne parlez pas d'un recul», demande-t-elle. Il s'agissait de la première étape de l'étude du projet de loi. Un vote majoritaire est maintenant nécessaire pour procéder à l'étape suivante, l'étude détaillée. Le Parti libéral du Québec (PLQ) promet déjà de s'opposer. L'appui de la CAQ est donc nécessaire. «Si la CAQ refuse je vais conclure que PLQ et CAQ c'est blanc bonnet, bonnet blanc», a-t-elle lancé.