Le gouvernement Marois veut que le Québec soit exclu du nouveau programme fédéral sur la formation de la main-d'oeuvre qu'il considère comme une intrusion dans ses champs de compétence. Il demande à Ottawa de lui transférer les fonds sans condition, environ 116 millions de dollars par année.

«Ils veulent négocier? Ils le connaissent notre point de départ: on veut les sous, c'est ce que tout le Québec demande», a affirmé la ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, en conférence de presse vendredi.

Dans le budget Flaherty déposé jeudi, Ottawa crée une nouvelle «Subvention canadienne pour l'emploi» pour remplacer les transferts de 500 millions versés aux provinces en vertu d'ententes sur la formation des personnes peu qualifiées ou non admissibles à l'assurance-emploi. Ces ententes viennent à échéance en mars 2014. Pour toucher la majeure partie des fonds du nouveau programme, Québec et les employeurs devraient débourser 70 millions chacun.

Le gouvernement Marois s'inquiète également des intentions d'Ottawa de renégocier l'entente de 1997 qui accorde à Québec les pouvoirs en matière de formation de la main-d'oeuvre et les fonds requis. Québec reçoit 585 millions de dollars en vertu de cette entente.

«C'est pour nous un recul de 15 ans dans tous les travaux qui ont été faits pour l'employabilité au Québec», a lancé Agnès Maltais. «La proposition que fait le fédéral exclut les PME et exclut les personnes les plus éloignées du marché du travail». Elle a eu une rencontre téléphonique jeudi avec les membres de la Commission des partenaires du marché du travail, qui réunit autant le patronat que les syndicats et le milieu de l'éducation. «Tous étaient unanimes pour décrier ce qui se fait» à Ottawa, a dit Mme Maltais. Québec entend également discuter de ce dossier avec les autres provinces. L'Ontario a déjà fait une sortie contre le nouveau programme sur la formation de la main-d'oeuvre.

De son côté, le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, a promis des « gestes concrets » pour défendre les intérêts du Québec. «Il y aura des motions adoptées à l'Assemblée nationale», puisque l'opposition fustige elle aussi les intentions du fédéral, a-t-il affirmé. L'Assemblée nationale avait adopté à l'unanimité une motion la semaine dernière pour demander le renouvellement de l'entente sur la formation de la main-d'oeuvre, ce qui n'a pas empêché Ottawa de proposer son nouveau programme.

La Coalition avenir Québec demande au gouvernement Marois de faire front commun avec les autres provinces pour forcer Ottawa à reculer. Le Parti québécois ne doit pas se servir de ce dossier pour faire mousser l'option souverainiste, a prévenu son député Christian Dubé.

Pour le Parti libéral, le gouvernement Marois n'a que lui à blâmer pour les « mauvaises nouvelles » contenues dans le budget Flaherty. «Il a coupé les ponts et détruit tout rapport de force» avec sa stratégie des «chicanes», a dit le député Sam Hamad.