Les compressions de 56,2 millions de dollars dans les garderies subventionnées sont nécessaires pour atteindre le déficit zéro, plaide la ministre de la Famille, Nicole Léger.

Au cours d'une entrevue samedi, elle a eu un long silence lorsque La Presse lui a demandé pourquoi les CPE, une vache sacrée au Parti québécois, n'échappe pas au couperet. «Je dois contribuer moi aussi au ministère de la Famille à l'effort budgétaire», a-t-elle fini par répondre. Québec veut équilibrer les finances publiques pour 2013-14.

La ministre a martelé que le gouvernement Charest a laissé un déficit de 1,6 milliard. «Si on n'avait pas eu le 1,6 milliard, je ne les ferais pas ces deux mesures» de compression, a-t-elle dit.

Nicole Léger a malgré tout défendu la pertinence de ces deux mesures qui s'appliqueront à compter du 1er juillet. D'abord, elle ira récupérer 6,6 millions dans les surplus des CPE qui totalisent 222 millions, comme l'expliquait La Presse. «Allez expliquer ça, ces surplus (...). C'est de l'argent, ça. Il y a 80% des CPE qui en ont accumulé» au fil des ans, a-t-elle dit. Ces surplus servent bien souvent de fonds de roulement, notamment pour l'entretien des bâtiments.

Nicole Léger a reconnu qu'un règlement ministériel autorise les CPE à faire des surplus correspondant à 25% de leur budget et que les 222 millions sont moins élevés que le maximum permis. «Oui, c'est correct, il n'y a aucun problème. Mais la situation, c'est de contribuer à l'effort budgétaire», a-t-elle affirmé.

La moitié des CPE enregistrent un déficit d'exploitation. Il se chiffrait à 34 000$ en moyenne en 2010-2011, pour des déficits totaux de 13,4 millions cette année-là. La même année, le surplus d'exploitation moyen était de 48 640$, pour un total de 27 millions.

Nicole Léger a précisé que des CPE ont fait un déficit deux ans de suite et que le ministère fait un suivi de la situation.

La seconde mesure consiste à diminuer le barème de financement pour les enfants de 4 ans. Elle représente une coupe de 31,3 millions dans les CPE et de 14,9 millions dans les garderies privées. Cela représente environ 25 000$ pour un CPE de 80 places dont 25% des enfants sont âgés de 4 ans.

Nicole Léger a expliqué que le financement actuel pour les enfants de 4 ans est basé sur un ratio d'une éducatrice pour huit enfants (le même que pour tous les enfants âgés de plus de 18 mois). Or le règlement prévoit que pour des enfants de 4 ans, le ratio réel permis dans les garderies va jusqu'à une éducatrice pour 10 enfants, a expliqué la ministre. Le barème de financement sera désormais basé sur ce ratio. Nicole Léger a reconnu que la situation pourrait être complexe pour les CPE qui ont des groupes «multiâge». « Ça va appartenir aux conseils d'administration de chaque corporation de faire des aménagements », a-t-elle dit.

Nicole Léger a dit souhaiter «ardemment» que les conseils d'administration prennent «les meilleures décisions» et évite les mises à pied. Elle a toutefois reconnu que «l'effort budgétaire (...) va avoir quelques impacts», sans préciser lesquels.

L'Association québécoise des centres de petite enfance (AQCPE) évoque le départ de conseillers pédagogiques. Elle entend se mobiliser contre les compressions et envisage des journées de fermeture.

Nicole Léger a rappelé que le Parti québécois entend créer 28 000 nouvelles places à 7$ par jour d'ici 2016.