Au terme de la campagne au leadership du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard estime avoir fait la démonstration qu'il était possible de faire de la politique «autrement», sans dénigrer ses adversaires.

Il se dit fier d'avoir résisté à la tentation de répliquer coup pour coup aux attaques reçues durant cette campagne qui prendra fin dimanche avec l'élection du successeur de Jean Charest.

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne - la première d'une série d'entretiens avec les trois candidats au leadership - , mardi, M. Couillard a soutenu qu'il s'en était tenu à son plan de match initial, à savoir qu'il allait fuir les «campagnes négatives» envers ses adversaires pour se concentrer sur la promotion de ses idées.

À mots couverts, il laisse entendre que ses adversaires ne peuvent peut-être pas en dire autant.

À maintes reprises au cours des derniers mois, l'ex-ministre de la Santé, considéré comme le favori dans la course depuis le début, s'est fait rappeler, notamment par son adversaire Raymond Bachand, ses liens professionnels et personnels passés avec le Dr Arthur Porter, l'ex-dirigeant du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) accusé de complot pour fraude et d'abus de confiance.

M. Couillard s'est défendu chaque fois en disant qu'on lui faisait un procès par association et qu'il n'était d'aucune façon relié aux problèmes judiciaires du Dr Porter ou à d'éventuelles malversations.

Il dit qu'il aurait pu passer à l'attaque lui aussi, en laissant planer toutes sortes d'allégations, mais qu'il a résisté et qu'il a bien fait.

«J'ai pas voulu embarquer là-dedans, ce serait facile de le faire pour moi, mais je ne veux pas», a-t-il dit.

«En politique, on n'a pas besoin de dénigrer ses adversaires pour gagner la confiance des gens», affirme M. Couillard, au terme de cinq mois d'une campagne qui aura soulevé peu d'enthousiasme dans la population.

Sa ligne de conduite: ne jamais parler de ses adversaires aux militants, «sauf pour dire que c'étaient des collègues que je respectais et des candidats de bonne qualité».

«Je ne parle que de mes idées à moi», insiste-t-il, en ajoutant que si certains croient que le dénigrement «est la seule façon de faire de la politique, je suis content d'avoir apporté la preuve du contraire».

Quand on lui demande s'il craint que les déboires du Dr Porter puissent avoir un impact négatif dans la boîte de scrutin dimanche, il répond: «je ne crois pas». Les délégués ne lui en ont pas parlé, dit-il.

S'il est élu chef du PLQ dimanche, M. Couillard ne perdra pas de temps et s'attèlera aussitôt à la tâche de reconstruire le parti. Il prévoit faire une tournée du Québec, recruter de nouveaux membres, organiser des congrès régionaux et un grand congrès d'orientation, vraisemblablement au printemps 2014, pour renouveler le programme du parti à temps pour les prochaines élections générales.

En parallèle, il voudra «reconnecter ensemble l'aile parlementaire et l'aile militante du parti».

Il faut aussi s'attendre à voir un jeu de chaises musicales dans les rangs de l'opposition officielle. Il ne veut pas dire s'il maintiendra en poste Jean-Marc Fournier comme chef parlementaire. Mais «dans les heures» suivant son éventuelle élection, il s'engage à annoncer ses couleurs: «mon but: combiner le renouveau et le ralliement».

Question délicate: il devra aussi trouver quel rôle sera dévolu à ses deux adversaires, Pierre Moreau et Raymond Bachand.

M. Couillard n'a aucun revenu depuis qu'il s'est lancé dans la course en octobre dernier. Questionné à savoir s'il recevra un salaire du PLQ s'il est élu chef, il juge la question prématurée, mais convient qu'elle devra être posée à la direction du parti. «Comme tout le monde, il faut payer ses comptes», dit celui qui ne semble vraiment pas pressé de se faire élire député, dans un contexte où il a un parti à reconstruire.

Il dit travailler fort avec son équipe «dans le but d'une victoire au premier tour» dimanche, mais affirme se garder de toute «arrogance» quant à l'issue du vote.