Il y aura bientôt une évaluation environnementale sur l'ensemble de la filière uranium, promet le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet.

«Le BAPE (Bureau d'audiences publiques sur l'environnement) serait l'outil privilégié pour le faire, mais je ne peux pas encore confirmer que ce sera notre choix», dit-il.

L'annonce devrait venir dans «les prochaines semaines», indique-t-il. Le ministre dit vouloir prendre le temps de considérer tous les paramètres et de bien évaluer entre autres la situation en région, où la décision à prendre ne fait pas consensus. Il précise que même s'il lancera une évaluation environnementale, il ne présume pas qu'on conclura que cette filière ne doit pas être développée dans le futur.

Pendant ce temps, des groupes environnementaux ainsi que des représentants de municipalités et des Premières nations maintiennent la pression sur le gouvernement. Ils ont organisé une conférence de presse commune lundi à Québec pour exiger un BAPE générique sur l'uranium, et un moratoire complet durant ce travail. «On ne peut pas laisser le train rouler pendant qu'on l'examine», image Ugo Lapointe de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

De 15 à 20 projets d'exploration sont présentement actifs. Aucune exploitation n'est en cours.

Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, prépare un projet de résolution pour engager l'ensemble des communautés touchées à se rallier à cette demande. «Nous avons l'opportunité avec le nouveau gouvernement d'engager une discussion franche et transparente», dit M. Picard.

Plus de 300 municipalités demandent aussi un moratoire. Le collectif souhaite porter ce nombre à 500. «L'uranium apporte des bénéfices à court terme, pour quelques années seulement. C'est tout sauf du développement durable et structurant», dit Philippe Bourke, de Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement.

Le radium a une demi durée de vie de 1600 ans, alors que les infrastructures dureront beaucoup moins longtemps, peut être un siècle, ajoute le physicien Michel Duguay du groupe Sortons le Québec du nucléaire.

Au Nouveau-Brunswick, on interdit déjà le forage pour l'exploration d'uranium à moins de 500 mètres des puits. Le ministre Blanchet prépare un règlement similaire. «C'est la preuve qu'on reconnaît le risque de contamination», en conclut M. Lapointe. Selon lui, un BAPE générique conclurait qu'il faut interdire l'exploration et l'exploitation de l'uranium. Des études ont montré des «risques irréfutables», dit-il, en citant des rapports de l'Académie nationale des sciences et l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis.

L'uranium sert entre autres aux centrales nucléaires, à l'armement et aux isotopes médicaux. «Mais il y a des alternatives maintenant (pour la médecine)» dit Christian Simard de Nature-Québec.

Les Cris s'opposent  à la filière. Ils essaient de mettre un frein au projet Matoush de Strateco. Ils ont voté en faveur d'un moratoire, mais cette décision n'est pas juridiquement contraignante. C'est à Québec de trancher. La société attend une décision depuis près de 20 mois. Elle s'adresse maintenant aux tribunaux pour forcer Québec à se prononcer maintenant.

Un autre projet important de Ressources Abitex au nord-est de Chibougamau a récemment été abandonné, après des investissements de 10 millions de dollars.