L'ancien gouvernement libéral a créé un véritable système de camouflage des fonds publics dépensés pour ses missions à l'étranger, accuse le ministre Jean-François Lisée.

Vendredi, en Chambre, à l'étude des crédits de son ministère, le ministre des Relations internationales (MRI) a dit que ce qu'il qualifie de «magouille comptable» faisait en sorte qu'on ne savait pas quel était le coût réel des missions gouvernementales effectuées à l'extérieur du pays, les dépenses étant éparpillées à travers diverses entités du gouvernement.

Si bien que, selon lui, les libéraux ont sciemment sous-estimé de 1,5 million de dollars le coût réel des déplacements aux quatre coins du monde des membres du gouvernement libéral entre 2009 et 2012.

«C'est le genre de fling-flang que les Québécois reprochent à l'ancien régime libéral», a dit le ministre Lisée en point de presse, en faisant de la question un enjeu de l'intégrité et de la transparence du gouvernement.

«Cette volonté de ne pas dire la vérité aux Québécois, elle est condamnable», a-t-il ajouté.

L'opposition libérale a aussitôt associé la sortie de M. Lisée à un «pétard mouillé du Parti québécois» et à un «écran de fumée» sans fondement.

L'ex-ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, s'est défendu d'avoir caché quoi que ce soit. Il a dit qu'il était tout à fait normal que, sur le plan administratif, le coût des missions gouvernementales était partagé entre le MRI et le ministère chargé de la mission à l'étranger.

Par exemple, si un ministre se rendait à Washington, ses dépenses étaient assumées en partie par le bureau de Washington, qui relève du MRI, et en partie par son ministère. Bref, il ne restait qu'à additionner les deux sommes pour connaître le montant total, a-t-il fait valoir.

«Il n'y a pas de commande politique», a-t-il tranché en point de presse.

Mais Jean-François Lisée a soutenu le contraire. Il dit avoir appris que le directeur de cabinet de M. Arcand, François Émond, avait changé les façons de faire en 2009, de manière à dissimuler les coûts réels des voyages des membres du gouvernement à l'étranger.

M. Lisée a notamment dénoncé le fait que lorsque l'ex-ministre responsable du MRI, Monique Gagnon-Tremblay, se déplaçait, les dépenses entraînées par la présence d'un photographe ou pour la location d'une limousine n'étaient pas comptabilisées dans les coûts de sa mission.

Or, voilà, selon M. Lisée, «une volonté délibérée de cacher des choses».

Il s'est engagé à faire en sorte qu'à l'avenir tous les coûts reliés à une mission seront clairement identifiés «sur un seul poste budgétaire».

Sur sa lancée, il a accusé les libéraux de ne pas avoir voulu dire à la population quel était le véritable coût de l'action internationale du Québec.

Par la même occasion, pour appuyer ses dires, le ministre a remis aux journalistes sa propre version remaniée des «coûts déclarés» et des «coûts réels» des missions libérales effectuées entre 2009 et 2012.

Ainsi, selon cette liste révisée, le coût d'une mission d'une semaine de l'ex-premier ministre Jean Charest en Chine et au Japon, en août 2011, est passé de 16 227 de dollars à 110 903 de dollars.