Alors que l'opposition faisait les gorges chaudes d'une bourde qui a plongé les péquistes dans un imbroglio parlementaire, mercredi, le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Mathieu Traversy, a plaidé son manque d'expérience.

Juste avant d'entrer en Chambre, M. Traversy s'est brièvement expliqué sur le feu vert qu'il a donné, mardi, à une motion de l'opposition renversant une décision gouvernementale.

«On va gagner en expérience, a-t-il dit. Écoutez, la jeunesse, c'est quelque chose qui laisse place justement à de l'apprentissage. Alors on va continuer le travail et on va tourner la page pour avancer.»

Le député de Terrebonne, âgé de 29 ans, a donné le consentement de son groupe parlementaire, mardi, pour l'adoption d'une motion exigeant du gouvernement qu'il «renonce aux compressions budgétaires imposées en fin d'exercice financier aux universités».

Constatant son erreur, M. Traversy a voulu revenir sur sa décision, mais cela lui a été refusé par le vice-président de l'Assemblée nationale, le péquiste Claude Cousineau.

En Chambre, mercredi, le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Stéphane Le Bouyonnec, qui avait proposé la motion, a plastronné devant la déconvenue des péquistes.

«Je crois comprendre que le gouvernement nous a appuyés, a appuyé la motion déposée par notre groupe d'opposition», a-t-il dit, en essayant en vain de savoir si les péquistes y donneraient suite.

La CAQ a plaidé qu'une motion était un ordre auquel le gouvernement ne pouvait se soustraire.

Le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a cependant tranché autrement.

«La jurisprudence a toujours considéré qu'il s'agit strictement d'une contrainte d'ordre politique ou moral et que l'Assemblée, dans ce contexte, émet un souhait plutôt qu'un ordre», a-t-il dit.

Le leader parlementaire du gouvernement, Stéphane Bédard, a minimisé l'impact de l'adoption de cette motion, concernant des compressions estimées à 250 millions $ en deux ans dans le réseau universitaire.

Visiblement irrité par l'attention suscitée par cette erreur, le leader parlementaire a affirmé que le gouvernement demandera désormais aux partis de l'opposition de transmettre leurs motions la veille de leur présentation.

«Dans ce cas-ci, personne ne doute de la position du gouvernement, alors il y a eu un lapsus, on peut le traiter avec fair-play, ou on peut le traiter comme on l'a traité, a-t-il dit. C'est pour ça d'ailleurs qu'on va demander aux partis d'opposition de transmettre leurs motions la soirée d'avant.»

En se rendant au Salon bleu pour la période des questions, la première ministre Pauline Marois a déclaré que cela n'embarrassait pas le gouvernement.

«C'est le métier qui rentre, c'est normal», a-t-elle dit.