Plusieurs groupes sociaux sont en rogne contre le gouvernement Marois en raison des mesures d'austérité, des protestations ont entaché les deux dernières rencontres préparatoires au sommet sur l'enseignement supérieur, mais ce que redoute le plus la première ministre demeure, pour l'instant, la reprise des travaux à l'Assemblée nationale.

Pauline Marois a fait valoir, lors du point de presse de clôture du caucus péquiste, vendredi, que la session parlementaire qui s'ouvrira le 12 février ne sera pas de tout repos.

Elle a expliqué que l'opposition avait déjà manifesté son désaccord face à certains projets de loi que son gouvernement compte déposer, dont ceux sur la nouvelle loi 101, la réforme du régime sur les redevances minières et la Banque de développement économique du Québec.

«D'abord, je dois vous dire que jusqu'à maintenant, les oppositions ont assez bien collaboré. Je serais injuste de dire le contraire», a-t-elle tenu à spécifier.

«Peut-être que la deuxième phase pourrait être plus difficile. On entre dans une période où on attaque des morceaux un peu plus costauds, a suggéré Mme Marois. D'ailleurs, c'est pour ça que je fais appel aujourd'hui à leur appui, à leur collaboration.»

Un autre projet de loi devrait animer les conversations, non seulement dans le Salon bleu, mais aussi dans les chaumières: celui sur l'adoption possible d'une charte sur la laïcité.

Mme Marois a déclaré vendredi qu'une consultation serait menée auprès de la population québécoise à ce sujet, au printemps ou à l'été. Le dossier sera piloté par le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville, qui planche déjà là-dessus avec son équipe depuis quelques semaines, selon la première ministre.

«À partir de là, nous verrons à adopter des mesures utiles et pertinentes. Il s'agit d'accommodements raisonnables, de laïcité ou d'autres termes qui tournent au tour de cela», a-t-elle expliqué avant de souligner que cela pourrait mener à des changements à la Charte des droits et libertés ou encore à l'adoption d'une toute nouvelle charte sur la laïcité.

Car d'après Mme Marois, les libéraux n'ont guère fait avancer le dossier, se contentant d'essayer «de toutes sortes de façons» de déposer des projets de loi «qui n'avaient jamais l'envergure nécessaire pour corriger les problèmes», et ce, après avoir tabletté le rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.

Le PQ a l'intention de prêter une oreille attentive aux suggestions des citoyens, mais sa position sur ce dossier est très claire: la société québécoise devrait évoluer dans une laïcité stricte et non ouverte, a rappelé la première ministre. «C'est l'orientation que je privilégie, mais je me permets quand même de déposer une proposition qui va permettre d'entendre une dernière fois les Québécois sur cette question.»

Les Québécois, dernièrement, ont fait part de leur opinion sur une toute autre question: celle des compressions budgétaires qui ont été saupoudrées dans les secteurs de l'éducation, de la recherche et de la culture.

Selon Mme Marois, ces coupes finiront par profiter à la population: «Cela nous permettra de progresser plus rapidement par la suite, parce que nous aurons retrouvé l'équilibre budgétaire, parce que les années à venir seront sans doute plus intéressantes au plan économique (...) C'est une phase temporaire, je peux vous l'assurer».

Et il est tout à fait normal que certains soient mécontents, a poursuivi la leader, qui dit avoir ouvert le dialogue avec «tous ceux» qui souhaitaient le faire.

«Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des gens mécontents. Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas, à l'occasion, des gens qui manifestent. C'est normal dans une démocratie que ça se passe comme ça. Mais je crois que le climat que nous connaissons maintenant ne se compare d'aucune espèce de façon à celui qu'on a connu sous le gouvernement précédent», a-t-elle déclaré.

La première ministre a par ailleurs réitéré qu'elle demeurait optimiste quant au déroulement et à l'issue du sommet sur l'enseignement supérieur, et ce, même si des appels au boycottage et aux manifestations ont été lancés et que des protestataires ont frappé aux portes des deux dernières rencontres présommet.

Du côté de Sherbrooke, les gardes de sécurité du ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, avaient d'ailleurs dû avoir recours au gaz poivre afin de repousser des protestataires qui tentaient de forcer la porte pour avoir accès au pavillon où se tenaient les discussions.

«Honnêtement, je pense que c'est un événement qui est relativement mineur (...) Les étudiants, moi, je les ai vus hier, ils étaient à la table avec Pierre Duchesne (...) Ils sont à l'intérieur de l'enceinte et je souhaite qu'ils continuent d'y être d'ailleurs.»

Et si le caucus du PQ s'est tenu sous haute surveillance policière - les agents et les véhicules de la Sureté du Québec étaient omniprésents à l'intérieur comme à l'extérieur de l'hôtel de l'Estérel - ce n'était pas par crainte de débordements, a assuré Mme Marois.

«Vous savez, s'il y a beaucoup de sécurité, je peux vous donner une explication très simple, c'est parce que tous les ministres sont ici, a plaidé la première ministre. Et tout le caucus du Parti québécois. Et c'est la véritable raison pour qu'il y ait de la sécurité.»

La première ministre a avancé que sous sa gouverne, depuis le mois de septembre, quelque 56 000 emplois ont été créés. Et pour créer de la prospérité, Mme Marois a dit vouloir utiliser les surplus d'électricité d'Hydro-Québec pour attirer des investisseurs et favoriser l'électrification des transports de la province.