Le Centre hospitalier universitaire McGill (CUSM) fait figure de cancre, selon le ministre de la Santé, Réjean Hébert.

Le ministre a ainsi réagi, mercredi, au déficit de 61 millions de dollars appréhendé en mars prochain. Québec a placé l'établissement sous quasi-tutelle en nommant un «accompagnateur» chargé de reprendre les finances en main.

«Je pense que c'est le dernier de classe, effectivement», quand on le compare à l'administration et aux performances des autres hôpitaux universitaires, a déclaré M. Hébert, en point de presse, avant d'entrer à la séance du Conseil des ministres à Québec.

Il ne s'est pas avancé toutefois jusqu'à dire que c'est le pire qu'il avait vu, comme l'ont suggéré des journalistes.

Il a affirmé que la situation du CUSM le préoccupait «au plus haut point». Selon un rapport de vérification externe, il suffirait que l'hôpital améliore sa performance, en vue d'atteindre simplement 75% de la moyenne des autres établissements, afin d'obtenir des économies de 40 millions de dollars, a rappelé M. Hébert.

«Il y a là des économies considérables à faire, des économies que d'autres hôpitaux ont réalisées au cours des dernières années pour augmenter la performance», a-t-il assuré.

Néanmoins, il est encouragé par le redressement opéré et la mise en place du nouveau conseil d'administration et de la nouvelle équipe de direction, où trois postes restent à combler.

«Je pense que le ménage a été fait», a-t-il dit. Selon lui, le centre hospitalier a maintenant «toutes les possibilités d'améliorer sa performance».

Rappelons qu'un rapport d'un groupe d'experts, rendu public mardi, démontre que le CUSM se dirige vers un déficit récurrent de 61 millions au 31 mars prochain, un manque à gagner qui atteindra en fait 115 millions en y ajoutant les déficits non récurrents de l'établissement.

Le rapport dévastateur fait état de transactions immobilières «hasardeuses» sans les autorisations nécessaires de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal ou du Ministère, de nombreuses transgressions des règles et d'un mépris des contraintes budgétaires.

L'Agence elle-même n'est pas épargnée: on lui reproche la pratique qui consistait à combler en douce des déficits au moyen d'ententes «passerelles» qui permettaient à l'établissement d'afficher un faux équilibre budgétaire, une pratique qui a été abolie par la nouvelle direction de l'Agence.

Pour sa part, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a dénoncé, mercredi, «les dérapages budgétaires, le gaspillage des fonds publics et la mauvaise gestion» au CUSM.

Dans un communiqué, la CSN soutient que ces lacunes s'expliquent par «la culture du secret en vigueur dans l'établissement et par des pratiques de gestion désuètes».