En obligeant la Régie de l'énergie à entériner la demande d'augmentation des tarifs d'électricité de 3,3 pour cent demandée par Hydro-Québec, le gouvernement Marois vient court-circuiter la neutralité de l'organisme réglementaire, estiment les libéraux.

Le député libéral Pierre Arcand a accusé jeudi le gouvernement de Pauline Marois de faire preuve d'ingérence.

Historiquement, la Régie de l'énergie se doit d'agir comme «arbitre» et soumettre les demandes d'augmentation des tarifs à une grille d'analyse afin de déterminer s'ils sont justifiés ou non.

Selon M. Arcand, l'intervention du gouvernement est inacceptable et pénalisera tous les Québécois, peu importe leurs revenus.

«Je pense que c'est non seulement risqué pour les exportations futures  d'Hydro-Québec, mais c'est dangereux pour l'ensemble de l'économie québécoise», a-t-il dit.

Considérant que l'État a besoin de regarnir ses coffres, et doutant de la capacité du gouvernement Marois de donner un coup de barre économique, le porte-parole libéral estime qu'une autre avenue a été trouvée pour gonfler les revenus. Pierre Arcand prétend qu'il s'agit purement et simplement de «taxes déguisées».

Les clients d'Hydro-Québec devront assumer une partie de la commande financière que le gouvernement a imposée à la société d'État dans son budget du mois dernier.

Hydro-Québec a déposé plus tôt cette semaine auprès de la Régie de l'énergie une demande pour hausser ses tarifs de 3,3 pour cent à partir du 1er avril. Cet été, elle réclamait plutôt une augmentation de 2,9 pour cent.

Afin de faciliter le retour à l'équilibre budgétaire, le gouvernement Marois veut accroître le dividende annuel d'Hydro. Pour y parvenir, le premier budget du ministre des Finances Nicolas Marceau a ordonné à la société d'État de supprimer 2000 postes.

Recourant à un décret, Québec a aussi fixé à 1,46 milliard $ les coûts annuels d'exploitation d'Hydro pour 2013-14, soit 30 millions $ de plus que ce que prévoyait l'entreprise. C'est pour éponger ce bond artificiel de ses dépenses qu'Hydro-Québec demande désormais une hausse plus élevée de ses tarifs.

Il y a de très bonnes chances que la Régie entérine l'augmentation de 3,3 pour cent puisque le gouvernement a obligé l'organisme réglementaire, dans son décret, à respecter sa volonté sans effectuer son analyse habituelle.