L'opposition accuse Pauline Marois de faire preuve d'«improvisation» et de «confusion» sur les finances publiques. Le Parti libéral (PLQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) entendent voter contre son discours d'ouverture. Mais tout porte à croire que le gouvernement survivra néanmoins à ce premier vote de confiance qui aura lieu d'ici deux semaines.

Les deux partis de l'opposition n'excluent pas en effet d'envoyer en Chambre seulement une partie de leurs députés à l'occasion du vote, afin d'éviter le déclenchement d'élections dès maintenant. Mais chacun cherche à faire en sorte que ce soit l'autre qui doive plier.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, reproche à la première ministre de nourrir encore «l'angoisse fiscale» avec son discours inaugural. Il a relevé un manque de «prévisibilité», car la première ministre ne dit pas si elle fera une déclaration ministérielle, un énoncé budgétaire ou même un budget cet automne. «C'est de l'improvisation, a-t-il dit. Les milieux d'affaires ne seront certainement pas rassurés.»

Les libéraux entendent voter contre la hausse des impôts pour les nantis proposée par le gouvernement Marois qui figurerait dans un éventuel budget. Mais ils refusent de dire qu'ils seraient prêts à défaire le gouvernement à l'occasion de ce vote.

Jean-Marc Fournier a dénoncé le «néant total» de la première ministre en matière de finances publiques. Mme Marois «parle plus de dépenses que de revenus», pense-t-il. Il aurait voulu savoir comment Québec dégagera une «marge de manoeuvre pour supporter la création d'emplois».

M. Fournier se moque de la création d'un Groupe d'action ministériel pour les projets d'investissement privé. À ce groupe siégeront «deux activistes du moratoire», les ministres Martine Ouellet (Ressources naturelles) et Daniel Breton (Développement durable), a-t-il raillé.

Pour le chef caquiste François Legault, «c'est la confusion totale sur l'état des finances publiques». «De toute évidence, Mme Marois ne sait pas où elle s'en va «, a-t-il affirmé.

Il a précisé que «jamais la Coalition ne va appuyer une augmentation des impôts». Au risque de provoquer la tenue d'élections cet automne dans le cadre d'un éventuel vote sur un budget? «Absolument», a-t-il répondu.

Selon lui, si Pauline Marois présente de «façon dramatique» l'état des finances publiques, elle ne propose rien pour faire le ménage dans la «bureaucratie» et éliminer le «gaspillage». «Il n'y a pas un mot, pas le commencement du début d'une mesure pour assainir les finances publiques. C'est irresponsable!», a-t-il lancé.

La CAQ collaborera à l'adoption des projets de loi annoncés sur l'intégrité et le financement politique, mais ceux-ci sont «beaucoup trop timides», estime M. Legault.

De son côté, la députée de Québec solidaire Françoise David a constaté «beaucoup de bonnes intentions» dans le discours inaugural de Pauline Marois. «Mais quand on n'a pas de moyens, les meilleures intentions du monde risquent de ne pas mener bien loin», a-t-elle ajouté.

«Espoir et inquiétude» au Conseil du patronat

En fin de soirée hier, le Conseil du patronat a indiqué accueillir «à la fois avec espoir et inquiétude» le discours inaugural de Mme Marois.

L'organisme se dit entre autres particulièrement satisfait des engagements pris par le gouvernement en matière d'intégrité et de lutte contre la corruption. À l'inverse, il «s'inscrit en faux» contre le projet de modifier le régime de redevances minières.

Le Conseil se demande également si le Québec peut à la fois s'offrir les mesures sociales annoncées et contrôler ses dépenses pour atteindre rapidement l'équilibre budgétaire.

«Les employeurs pourront maintenant évaluer la performance du gouvernement quant aux orientations présentées [mercredi] en fonction des gestes concrets qu'il posera au cours des prochains mois», a affirmé par voie de communiqué Yves-Thomas Dorval, président du Conseil.