Gilles Vaillancourt devait quitter la mairie de Laval, et pas en raison des ses ennuis de santé allégués, croit le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault. «Hier, les événements se sont accumulés. L'étau s'est resserré autour du maire de Laval. Dos au mur, il n'avait pas le choix de prendre la décision qu'il a prise. Maintenant, on va suivre avec très grand intérêt la suite des choses et la conclusion de sa réflexion.»

M. Vaillancourt a quitté temporairement la mairie de Laval hier en fin de journée en invoquant des raisons de santé. Il venait d'être ciblé pour la troisième fois par une perquisition de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Les enquêteurs s'intéressaient à une demi-douzaine de coffres qu'il détiendrait dans des agences bancaires de Laval.

M. Vaillancourt refuse depuis le début de ces perquisitions de répondre aux questions des médias. C'est le vice-président du comité exécutif de Laval, Basile Angelopoulos, qui a annoncé son retrait temporaire en fin de journée.

«Je salue cette décision. Je sais qu'il est en période de réflexion. Il va sûrement arriver avec une conclusion», a dit M. Gaudreault. En anglais, le ministre a dit espérer que M. Vaillancourt «prenne la bonne décision». Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, «doit aussi réfléchir à la situation et à ce qui est le mieux pour les Montréalais», ajoute M. Gaudreault.

Hier, Jean-François Lisée, ministre responsable de la Métropole, a invité M. Tremblay à réfléchir à son avenir. Selon nos sources, le maire annoncera bientôt qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections municipales, en novembre 2013.

Les cas de MM. Vaillancourt et Tremblay sont toutefois différents, a nuancé M. Lisée. «M. Vaillancourt était personnellement visé par les enquêtes - ses maisons, ses comptes de banque. Ce n'est pas le cas de M. Tremblay. Il n'est pas personnellement visé par les révélations et les enquêtes. Maintenant, des révélations à la commission Charbonneau indiquent qu'il y aurait eu des contributions illégales à son parti politique. Il y a une question d'imputabilité qui va au-delà des gestes ou des omissions personnelles qu'il a commis ou non. On est dans une zone hors du droit, dans la conscience personnelle de l'élu.»

M. Gaudreault s'était déjà questionné sur l'autorité morale du maire Tremblay.

Que faire à Montréal et à Laval?

Le gouvernement Marois ne veut pas mettre Montréal ou Laval sous tutelle ni destituer leur maire respectif. Ces deux processus sont complexes, explique M. Gaudreault. Dans le premier cas, il faudrait signer un décret ou passer par la Commission municipale, un organisme indépendant. Quant à la destitution, c'est un long processus judiciaire. Il faudrait montrer que les administrations municipales sont paralysées. Ce n'est pas le cas en ce moment, a rappelé le ministre. Elles sont «encore capables de prendre des résolutions», rappelle-t-il.

Lorsqu'ils étaient dans l'opposition, les péquistes se préoccupaient moins de ces difficultés. «Quand le gouvernement libéral va-t-il prendre la chose au sérieux et mettre en tutelle la ville de Laval?», lançait Bertrand St-Arnaud en novembre 2010 à la période des questions.

Que peut faire le gouvernement péquiste aujourd'hui? Il est «très embêté» par la situation, car il y a un «vide juridique», répond M. Lisée. Il pourrait présenter un projet de loi pour permettre à Québec d'intervenir dans des situations similaires ou de les prévenir.

Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, croit que les maires accusés au criminel devraient quitter leurs fonctions, du moins temporairement. Et il indique que le gouvernement pourrait légiférer pour les forcer à le faire. «La chose honorable dans ce genre de circonstances serait effectivement de se retirer, a-t-il expliqué. Cela dit, notre cadre législatif actuel ne permet pas encore de contraindre un élu à se retirer. Mais on envisage des changements.»

À Québec, le député libéral Marc Carrière a demandé au gouvernement Marois de mettre en place un mécanisme pour suspendre un maire qui fait l'objet d'accusations criminelles touchant directement ses fonctions, comme Richard Marcotte de Mascouche. Il a eu du mal à expliquer pourquoi son parti n'a pas adopté cette mesure lorsqu'il était au pouvoir. Surtout que M. Marcotte a été accusé en avril et que plusieurs réclament sa suspension depuis. La lutte à la corruption, «c'est un work in progress. On a donné la chance, le pouvoir, aux enquêteurs, aux policiers de tout faire ce qu'ils ont à faire. On voit que ça donne des résultats. On doit maintenant aller plus loin. Un processus de suspension viendrait un peu boucler la boucle», a-t-il soutenu.

Les députés péquistes se réunissent aujourd'hui en prévision de la prochaine session parlementaire.

Selon un sondage internet réalisé auprès de 1000 répondants du 17 au 22 octobre, le Parti québécois demeure en tête des intentions de vote. Un peu plus d'un sondé sur deux se dit toutefois insatisfait du gouvernement Marois. C'est un meilleur résultat que le gouvernement Charest, pour lequel le taux d'insatisfaction dépassait 70%.