Comment répliquer à un sondage négatif? Qui peut commenter l'arrivée de Jacques Duchesneau en politique? Comment expliquer la contribution de Jacques Parizeau à Option nationale?



La campagne électorale du Parti québécois (PQ) était planifiée au quart de tour, et les réponses des candidats étaient déterminées bien avant que les journaliste ne posent les questions, révèle une compilation des réponses préétablies («lignes de presse») de la formation politique, consultée par La Presse.

Cette compilation jette un nouvel éclairage sur une campagne au cours de laquelle François Legault est rapidement devenu l'unique cible des attaques péquistes et durant laquelle les propositions ont cédé le pas aux critiques visant les adversaires.

Chaque jour, les grands stratèges de la campagne envoyaient aux conseillers locaux des réponses toutes faites, que chaque candidat péquiste devait répéter dans ses discussions avec les journalistes ou les électeurs.

Hier, en raison d'une faille informatique, l'ensemble de ces messages était accessible à tout internaute avec un peu de volonté. Le document était hébergé sur un réseau destiné aux militants péquistes.

Le 27 août, par exemple, les campagnes locales ont reçu des indications claires visant à critiquer efficacement un sondage qui donnait le PQ perdant dans la région de Québec.

«C'est en faisant une moyenne des résultats des deux régions (rive nord et rive sud de Québec, ndlr) que Le Soleil place la CAQ nettement en avance à Québec, ce qui n'est pas le reflet de la réalité», ont écrit les stratèges. «Le PQ est en avance au Québec dans tous les sondages nationaux.»

Une pratique répandue

L'envoi de «lignes de presse» est une pratique répandue dans toutes les formations politiques, selon le Parti québécois.

«Dans une organisation, tout le monde n'a pas le même niveau de connaissance des dossiers et tout le monde n'a pas le même intérêt par rapport aux dossiers», a expliqué Shirley Bishop, responsable des communications de Pauline Marois. Elle a également admis que ces messages n'étaient pas destinés aux simples militants, et encore moins au public général. «Les lignes étaient envoyées aux candidats» et à leur équipe rapprochée - essentiellement «leur directeur de campagne et leur responsable des communications».

Des indications variées

Les sujets abordés touchent tous les aspects de la campagne électorale. «Selon Québecor, c'est Pauline Marois qui a remporté le débat», indique le message au lendemain du face-à-face entre la chef péquiste et Jean Charest.

En cours de campagne, La Presse a révélé l'existence d'un comité de transition formé face à l'éventualité que le PQ prenne le pouvoir. Le parti n'a pas voulu que ses membres en disent trop. «Un comité de transition existe. Nous avons la responsabilité d'être prêts en cas de victoire», a-t-on ordonné aux candidats de répondre si le sujet était abordé.

Concernant le débat sur l'obligation pour les élus de la province de parler français, les candidats ont reçu comme mémo d'«évite[r] d'y aller au cas par cas avant qu'un projet de loi soit déposé».

Lorsque Jacques Duchesneau s'est jeté dans la fosse aux lions, le Parti québécois a également coordonné sa réplique. «Seuls quelques porte-parole sont désignés pour commenter la nomination de Jacques Duchesneau, nous vous prions de ne pas commenter si vous n'avez pas été désignés», a-t-on indiqué.

La formation politique indique toutefois qu'en temps normal, les informations envoyées sont davantage des pistes de communication que des indications claires. Personne ne se ferait réprimander pour avoir exprimé autrement la même idée.

«Au Parti québécois, les gens vont souvent prendre leurs propres initiatives», a résumé Mme Bishop en riant.

- Avec Denis Lessard