Pauline Marois doit rencontrer d'ici 10 jours les membres d'un nouveau comité d'action stratégique sur la centrale nucléaire Gentilly-2, demande le Parti libéral du Québec.

«Mme Marois agit en impératrice, sans tenir compte que les deux tiers des Québécois n'ont pas voté pour elle. C'est une décision assassine pour notre région», tonne la députée libérale de Trois-Rivières, Danielle St-Amand, au sujet de la fermeture annoncée la semaine dernière par le Parti québécois.

Mme Marois n'a pas encore signé le décret ministériel qui officialisera la fermeture. Elle a accepté de rencontrer d'ici peu la mairesse de Bécancour.

La Coalition avenir Québec demande quant à elle une commission parlementaire dès que l'Assemblée nationale commencera à siéger, à la fin octobre. «On va déposer une motion pour en réclamer une. Si les Québécois avaient voulu que le PQ prenne des décisions de la sorte, ils leur auraient donné un mandat majoritaire, ce qui est loin d'être le cas», lance son député François Bonnardel. «La première ministre prend des décisions présentement très précipitées, à l'abri de l'Assemblée nationale, sans consulter la population ou l'opposition», ajoute-t-il.

Les libéraux ne s'opposent pas à une telle commission, qui ne pourrait pas débuter avant novembre. Mais ils réclament d'abord une rencontre urgente avec le comité, qui doit être formé bientôt. Un élu local de chaque formation y siégera, espère Mme St-Amant. Mais on ne sait pas si le Parti québécois acceptera d'y envoyer un représentant. Les maires de Bécancour et de Trois-Rivières ainsi que les responsables des chambres de commerce locales doivent en faire partie. Tous sont pour la réfection de la centrale.

La semaine dernière, les syndiqués d'Hydro-Québec avaient aussi dénoncé l'annonce de Mme Marois.

Le projet de réfection avait été lancé en 2008. Il avait été suspendu à cause de la catastrophe de Fukushima et des importants dépassements de coûts de la mise à niveau d'une centrale jumelle au Nouveau-Brunswick, à Point Lepreau.

Le Parti québécois a clairement annoncé il y a plusieurs mois son intention de fermer la centrale, qui produit près de 3% de l'électricité québécoise. Il l'a répété en campagne électorale.

Pour des raisons de sécurité, le réacteur nucléaire devra être arrêté d'ici à la fin de l'année. Il faudra ensuite en faire la réfection ou le déclasser - étape qui mène à la fermeture. Mais selon les libéraux, Mme Marois aurait dû attendre deux rapports avant de prendre sa décision: celui de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), qui réévaluera les risques à la suite de la catastrophe de Fukushima, et celui d'Hydro-Québec sur les coûts de la réfection ou du déclassement, à la lumière des dépassements de coûts de Point Lepreau. Le coût initial prévu pour la réfection était de 1,9 milliards. Il aurait presque doublé, selon nos ources.

En avril dernier, le patron d'Hydro-Québec avait reconnu que l'estimation des coûts avait augmenté, sans vouloir donner de chiffre précis.

La CAQ ni pour, ni contre la réfection

En campagne électorale, le chef de la CAQ, François Legault, avait exprimé un «préjugé favorable» pour la réfection de la centrale Gentilly-2. Une fermeture serait «irresponsable», avait-il soutenu.

Son nouveau critique en Ressources naturelles, M. Bonnardel, a toutefois affirmé à quelques reprises aujourd'hui que la CAQ n'est «ni pour, ni contre». «Nous accepterons les conclusions du rapport de la commission parlementaire, qui s'appuiera sur des faits», a-t-il indiqué.

Il était accompagné de Donald Martel, député caquiste de Nicolet-Bécancour, où se trouve la centrale. Il partage la position défendue par M. Legault en campagne. «Je souhaite que les travaux de réfection se fassent, mais il faut que ce soit rentable financièrement, et il faut que ce soit sécuritaire.» C'est aussi la position des libéraux.

Le PQ a proposé un plan de diversification économique de 200 millions de dollars pour le Centre-du-Québec et la Mauricie. «Il y a près de 800 emplois de qualité [à la centrale], des emplois payants. On ne peut pas les remplacer du jour au lendemain», a réagi M. Martel.

Il rappelle en outre que les PME locales encaissent environ 40 millions de dollars annuellement en contrats grâce à la centrale.

M. Bonnardel ne semble pas prendre au sérieux la demande du maire de Trois-Rivières, Yvon Lévesque, qui demande carrément à l'opposition de défaire dès que possible le gouvernement Marois à cause de la centrale. «On n'est pas du tout rendu là», a-t-il dit.