En plein scandale financier impliquant les libéraux, en 2009, le député péquiste François Legault aurait retenu ses coups contre le gouvernement Charest lorsque le nom de son futur partenaire politique Charles Sirois est ressorti dans le dossier, avance un dur pamphlet anti-Coalition avenir Québec (CAQ) qui sortira la semaine prochaine en librairie.

L'ouvrage écrit par Gilles Toupin, ancien journaliste de La Presse, retraité depuis 2009 et devenu militant souverainiste, avance aussi que François Legault a tenté de convaincre ses collègues péquistes de mettre en veilleuse la souveraineté pour s'intéresser aux «vraies affaires». En vain. Il aurait ensuite démissionné en expliquant notamment qu'il souhaitait renflouer ses coffres personnels, durement frappés par la crise financière.

Le chef de la CAQ nie avoir épargné le gouvernement dans le dossier des fonds d'intervention économique régionaux (FIER) et que sa démission a eu un motif économique. «Complètement faux», jure son porte-parole. Il reconnaît toutefois avoir tenté de faire prendre un virage au Parti québécois (PQ) avant de le quitter.

La Presse a obtenu le pamphlet, qui fait plus d'une centaine de pages, en exclusivité. Publié chez VLB, Le mirage François Legault sera sur les rayons le 8 août.

«Les recherchistes du PQ découvrent que Charles Sirois, à la tête du holding Télésystème, est un acteur central des FIER au Québec. Le PQ se rend compte que Sirois tire parti des faiblesses du programme, relate Gilles Toupin. Les questions sont rédigées. Il est pour ainsi dire minuit moins cinq, et tout est prêt pour lancer la frappe. Mais François Legault dit non; il refuse de faire le travail. Il s'abstient complètement.»

En plus de vouloir épargner Charles Sirois, avec qui il créera la CAQ deux ans plus tard, M. Legault aurait aussi craint pour sa fortune personnelle après avoir reçu une mise en demeure de proches des libéraux, avance Gilles Toupin.

L'auteur décrit ensuite un caucus du PQ médusé par un discours de François Legault qui veut diminuer l'intensité des attaques de son parti envers Jean Charest pour s'attaquer «aux vraies affaires». «Et pour s'y attaquer, il fallait tout simplement faire preuve de courage», raconte le pamphlet.

Après un chapitre consacré aux derniers mois de François Legault au Parti québécois, Gilles Toupin se lance dans une attaque en règle contre l'ensemble des propositions de la CAQ.

En entrevue, l'auteur ne cache pas ses allégeances politiques. En outre, Gilles Toupin est le conjoint de Djemila Benhabib, candidate du Parti québécois dans Trois-Rivières. Il défend toutefois la véracité des faits qu'il rapporte, et assure que «plusieurs personnes qui ont travaillé très, très près de lui [Legault], constamment», lui ont parlé.

François Legault n'a pas voulu accorder d'entrevue à La Presse hier. Son porte-parole, Jean-François Del Torchio, s'en est pris à l'ouvrage dans un courriel. «Venant du conjoint d'une candidate du PQ, à la veille d'une campagne électorale, ce pamphlet n'a aucune crédibilité!», a-t-il écrit.

Le Parti québécois n'a pas non plus voulu commenter les allégations de M. Toupin. «Nous n'avons pas lu l'ouvrage en question encore. Nous le commenterons lors de sa publication», s'est contenté d'écrire Éric Gamache, attaché de presse de l'aile parlementaire.