Après avoir beaucoup hésité, le Dr Gaétan Barrette va faire le saut en politique. Il sera le candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault dans la circonscription de Terrebonne a appris La Presse. L'annonce de la candidature du président de la Fédération des médecins spécialistes se fera au début de la semaine prochaine.

Hier en tournée régionale, François Legault a fait savoir qu'il annoncerait sous peu le nom de celui qui sera ministre de la Santé dans son gouvernement. Dans Lévis, hier, il présentait son futur «ministre des Finances», Christian Dubé, un dirigeant de Cascades qui travaillait en Italie depuis quelques années. M. Legault a semblé vouloir corriger le tir à la suite de ses propos lancés sur Twitter jeudi soir. Le chef de la CAQ a gaffé un peu en prédisant des querelles au PQ pour savoir qui serait «ministre de la Souveraineté», une reconnaissance implicite qu'il prévoyait une victoire de Pauline Marois, ont bien vite noté des interlocuteurs. Avec cette nouvelle candidature, M. Legault a martelé, une fois de plus, que son parti est la seule formation qui pourra relancer l'économie québécoise et assurer la bonne gestion des finances publiques. Il en a profité pour vilipender Jean Charest qui, a-t-il dit, joue avec les finances publiques comme si c'était un bar ouvert. Selon les calculs de la CAQ, le Parti libéral a accumulé 118 annonces dans les 23 derniers jours totalisant plus de 1 milliard d'investissements publics. Le chef de la CAQ n'a pas été plus tendre avec le Parti québécois qui ne présente, à ses yeux, aucun candidat crédible pour les postes de ministre des Finances ou encore de ministre du Développement économique.

Une longue hésitation

Quant au Dr Barrette, il voulait attendre le plus longtemps possible pour annoncer sa décision. Mais l'imminence des élections est désormais évidente - mardi soir prochain, à la toute veille de l'annonce de la campagne, le PLQ procédera à l'investiture de son candidat dans Sherbrooke, Jean Charest.

Le Dr Barrette est associé au mouvement de François Legault depuis le début, même s'il n'a pas participé aux réunions du groupe au moment où il n'était qu'un mouvement de réflexion dans le but de former un parti politique. Cependant, il a longuement hésité - son but avoué est de devenir ministre de la Santé, une cible difficile à atteindre quand on porte les couleurs d'un tout nouveau parti politique. Mais sa proximité avec le groupe de M. Legault était évidente. C'est par exemple lui qui, avant même la fusion avec l'ADQ, avait expliqué aux adéquistes le programme santé de la CAQ. On peut prévoir qu'il fera peu de cas de l'engagement pour un projet pilote sur le privé en santé, une concession faite à l'époque pour amadouer les plus réticents.

Dans le passé à la tête de la FMSQ, le Dr Barrette, reconnu pour son franc-parler, a eu des affrontements retentissants avec les ministres de la santé, Philippe Couillard et Yves Bolduc. Dans les coups de fil qu'il a passés au cours des dernières heures, M. Barrette a confié qu'il aurait des renforts dans l'équipe caquiste en matière de santé. Lionel Carman, partisan de la première heure, médecin à l'hôpital Sainte-Justine, ne sera pas candidat. En revanche, la CAQ présentera dans Groulx la mairesse de Rosemère, Hélène Daneault, qui est médecin de famille.

Lanaudière est la région la plus potentiellement favorable aux candidats de la CAQ, selon les coups de sonde internes. L'hésitation du Dr Barrette était si évidente que certains collègues étaient convaincus qu'il passerait son tour. Il ne s'était d'ailleurs pas présenté au congrès de fondation de la CAQ à Victoriaville, à la fin du mois d'avril, contrairement à Claire Samson, une communicatrice, qui sera candidate dans Iberville.

La CAQ mise sur un autre candidat-vedette dans la région de Québec, l'ancien ministre libéral Jean Leclerc, retourné aux affaires - il a acheté Laura Secord après avoir quitté l'entreprise familiale, Les Biscuits Leclerc.

Jusqu'ici, publiquement, le Dr Barrette a refusé de confirmer sa décision, plaidant que les élections n'étaient pas déclenchées. «Je suis en réflexion et au moment où on se parle, il n'y a pas de campagne électorale», a-t-il encore dit, jeudi, en point de presse.

- Avec La Presse Canadienne