Dépouillé de son emblématique carré rouge, l'ex-leader étudiant et nouveau candidat péquiste Léo Bureau-Blouin a été accueilli en héros par des militants péquistes lavallois. Il a promis de donner une voix aux jeunes à Québec... et de poursuivre ses études à temps partiel.

C'est une Pauline Marois visiblement heureuse de parader aux côtés d'un si jeune et populaire candidat qui est arrivée à la maison Coqlicorne, centre communautaire du secteur Laval-des-Rapides et Pont-Viau.

«Ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi populaire», a dit en riant la chef péquiste avant d'inviter celui qu'elle appelle familièrement Léo à s'approcher.

Dans la salle se pressaient reporters, caméramans et photographes au milieu de plusieurs militants péquistes de Laval-des-Rapides, l'une des circonscriptions les plus multiethniques et défavorisées de l'île Jésus. De bruyants applaudissements ont accueilli chaque déclaration de la chef et de son poulain, et les journalistes dont les questions étaient jugées trop incisives ont été chahutés.

Tous ont remarqué que le candidat de 20 ans n'avait plus de carré rouge à la boutonnière, alors que la plupart des militants le portaient.

«J'aimerais rassurer ceux qui se sont mobilisés sur les droits de scolarité, mais mes convictions comme étudiant, je vais continuer de les porter comme candidat du Parti québécois et député, a-t-il expliqué. Ma position, j'ai l'intention de la défendre [...] au sein d'un prochain gouvernement. Avec ou sans carré rouge, on peut faire du Québec une des nations où l'éducation est la plus abordable au monde.»

Il a affirmé que, comme élu péquiste, il militerait pour abolir la hausse des droits de scolarité instaurée par le gouvernement Charest ainsi que la loi spéciale (78). Il veut qu'un sommet sur l'éducation postsecondaire traite des droits de scolarité et de la gestion des établissements d'enseignement. Si cet enjeu demeure majeur pour lui, il affirme avoir d'autres idéaux à soumettre à son parti et aux Québécois. Il promet de rendre publics sous peu 10 grands enjeux qui lui tiennent à coeur.

«Certains se demandent pourquoi je me lance maintenant, et pas dans 4, 8 ou 12 ans. Je me lance maintenant parce que je crois qu'aujourd'hui plus que jamais, notre génération peut démontrer ce dont elle est capable. J'entends travailler avec conviction et intégrité à promouvoir des projets qui permettront aux jeunes de prendre plus de place sur la scène politique québécoise. [...] Je crois que ma candidature peut avoir un impact positif, car n'oublions pas que les 18 à 24 ans représentent 10% de l'électorat, mais ne sont aucunement représentés à l'Assemblée nationale», a poursuivi le président sortant de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

Inscrit en droit à l'Université de Montréal et titulaire d'un DEC du cégep de Saint-Hyacinthe, d'où il est originaire, il devra mettre un frein à ses études. Cela en fait sourciller plus d'un étant donné son rôle de promoteur de l'éducation postsecondaire.

«Je ne pourrai pas poursuivre mes études à temps plein comme c'était prévu à l'origine. Il y a cependant plusieurs députés qui conjuguent des carrières professionnelles à temps partiel. Donc j'ai l'intention de suivre quelques cours à temps partiel, en droit. Je n'aurai peut-être pas mon diplôme dans les temps prescrits, mais j'ai l'intention de décrocher un diplôme universitaire au cours des prochaines années.»

Sa chef a renchéri quelques instants plus tard en citant l'exemple du député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui continue la pratique de la médecine tout en étant député de Mercier.

Léo Bureau-Blouin est, à 20 ans, dans une drôle de posture. Candidat-vedette aux côtés de Pierre Duchesne et de Jean-François Lisée, il ne peut aussi facilement qu'eux aspirer à un poste de ministre. Mais le rôle de simple député ne l'effraie pas. Il affirme ne pas être un simple candidat «poteau» qui servira au parti à obtenir un siège de plus.

Il prévoit rencontrer aujourd'hui le comité de direction de l'association péquiste de Laval-des-Rapides et prendre connaissance des enjeux locaux. Il promet de louer un appartement dans ce quartier défavorisé afin de se familiariser avec sa population multiethnique et non francophone, ce qui sera pour lui une nouvelle réalité.

«Je sais que je ne pourrai pas tout changer, mais j'espère sincèrement que ma candidature peut donner espoir à bien des jeunes et leur montrer qu'ensemble, on peut changer des choses», a-t-il conclu.

Pauline Marois a ensuite salué son «aplomb, son intelligence, son ton modéré et plein de bon sens».